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Malade : un statut social

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La maladie est une situation et une expérience individuelles, mais aussi sociales. La société, pour une part, fabrique ses malades et ses maladies. De tous temps et partout, une personne est malade d’une certaine manière en fonction de son environnement social et culturel. Il est ainsi difficile de comparer les victimes anonymes des terribles épidémies du Moyen Âge, considérées tels des fléaux collectifs et divins, et les patients d’aujourd’hui, aliénés et passifs devant la technique et le savoir des médecins. Mais, de nos jours, le système de santé s’ouvre à des groupes de malades chroniques qui s'auto-saisissent de leurs propres soins. L’expérience de la maladie et le personnage du malade, le rôle de malade sont socialement construits et historiquement situés. On peut considérer qu’être malade est un statut social.

La sociologie de la santé a désormais largement montré à quel point les facteurs sociaux impactent l’état de santé, qui est toujours pour une part importante un état mental. Mais c’est aussi l’organisation des soins de santé qui peut être influencée. Au-delà, l’état de santé des populations touche l’équilibre de la société. Cela concerne avant tout les périodes d’épidémie, comme la Covid-19 en atteste actuellement. La contagion constitue un modèle bien ancré au sein de l’inconscient collectif, y compris en regard des pathologies psychiatriques.

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Par ailleurs, les maladies chroniques sont de grands enjeux pour les soignants et les établissements de santé, mais aussi bien au-delà. L’évolution des soins de santé, des institutions et par suite de l’état de santé global de la population peut impacter l’économie et d’autres secteurs de la société.

La médecine est divisée entre deux objectifs : restaurer la santé ou modifier l’homme. Lorsqu’elle restaure la santé, elle délaisse l’homme qu’elle positionne derrière l’atteinte organique et dont elle occulte trop souvent la souffrance. Lorsqu’elle modifie l’homme, elle ne fait que combler des désirs de performance et d’apparence.

La médecine suit alors des phénomènes de mode propres à la société moderne. Cela est sans doute regrettable. En tout cas, une telle médecine des désirs plutôt que des remèdes ne mérite peut-être pas d’être financée par la collectivité.

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