À compter des années 1960, des sociologues se sont consacrés à l’étude des politiques publiques. Ils se sont en particulier intéressés au fonctionnement concret de l’administration dans sa gestion des politiques publiques, mais aussi plus généralement au fonctionnement du système politico-administratif français. Des travaux interdisciplinaires ont mêlé sociologie et science politique, aboutissant à opérer la critique des analyses administratives de l’organisation étatique française. Ces recherches de sociologie politique ont également souligné l’importance des collectivités territoriales et du local dans le déploiement des politiques publiques.

Dans les années 1990, après avoir longtemps remis en cause le rôle de l’État et de la notion même de politique publique, de plus en plus de sociologues ont mis en avant la présence d’une recomposition de l’État, non plus au travers de grandes politiques publiques nationales, mais au moyen d’actions publiques intégrées à un enchevêtrement de structures sociales, nationales, européennes et locales. On a noté en ce sens la diminution du pouvoir coercitif de l’État. Certains parlent à ce sujet d’une évolution allant d’une logique de gouvernement, marquée par une organisation pyramidale et hiérarchisée, vers une logique de gouvernance dans laquelle les acteurs se coordonnent et s’organisent afin de réaliser des objectifs définis à travers des négociations collectives, loin de tous objectifs imposés par une hiérarchie centralisée.

Cette mutation des méthodes et des centres d’intérêt des observateurs de l’action publique a permis par la suite une démultiplication des sujets de recherche : comparaison internationale ; étude des flux, de la circulation des idées et des concepts. Ces champs de recherche furent adoptés par différents courants d’étude des politiques publiques : les approches néo-institutionnalistes, portant sur la comparaison internationale des institutions nationales ou s’intéressant aux notions de régulation économique, politique et sociale ; les approches socio-historiques, axées sur l’européanisation et l’internationalisation des échanges ; les approches néo-marxistes consacrées aux relations entre l’État et le capital etc.