La théorie du contrat social ou contractualisme est un courant moderne de philosophie politique qui situe l’origine de la société et de l’État dans un contrat symbolique originaire passé entre les hommes, grâce auquel ils consentent à limiter leur liberté en échange de lois assurant la paix sociale et la pérennité du groupe. Le contrat social implique l’existence antérieure d’un état de nature. Le contrat social permet de rompre avec cet état de nature et d’organiser la société avec des lois et des institutions.
La théorie du contrat social a largement influencé les idées de la Révolution française en ce qu’elle s’oppose à la société d’ordres et aux corporations d’Ancien Régime, héritières des communautés de métiers du Moyen Âge.
La conception du contrat social de Jean-Jacques Rousseau est complexe : l’homme n’est naturellement ni bon ni mauvais (un être amoral) mais très vite la société le corrompt, jusqu’à ce que tout le monde devienne égoïste et ne recherche plus que la satisfaction de son intérêt privé. Le contrat social décrit dans son ouvrage essentiel Du Contrat social (1762) vise à rendre le peuple souverain et à le conduire à délaisser son intérêt personnel afin de poursuivre l’intérêt général. L’État est dès lors créé afin de délaisser l’état de nature, en chargeant la communauté des humains de son propre bien-être. Le contrat social rousseauiste est plus proche du contrat tel qu’envisagé par Thomas Hobbes dans son Léviathan parce qu’il ambitionne lui aussi de rompre avec l’état de nature (le contrat de John Locke vise, lui, à le garantir par un cadre légal). Néanmoins, contrairement à Hobbes et Locke, le contrat social de Rousseau ne donne pas à un tiers la mission de sauvegarder la vie ou la liberté et la propriété de chacun. Il revient aux citoyens eux-mêmes de s’organiser et de se protéger, de garantir la volonté générale. Le contrat rousseauiste est un pacte démocratique, dans lequel le contrat social n’institue pas un quelconque monarque, mais investit le peuple de sa propre souveraineté.