Certains secteurs de l’action publique sont régulièrement cités comme produisant des gains importants de bien-être, gains sous-estimés par les méthodes d’évaluation reposant sur des indicateurs de revenu ou de richesse produite. Des chercheurs ont par exemple mis en évidence l’importance de la lutte contre les souffrances psychologiques ou de politiques favorisant la fréquence et la qualité des relations sociales. Également, il a été montré à quel point la perte des liens sociaux constitue un coût à la mobilité de la main-d’œuvre mal prise en compte dans l’analyse macroéconomique.
Les recherches sur le bien-être subjectif montrent l’importance de la lutte contre les inégalités. Le World Happiness Report 2020 indique par exemple que le niveau d’inégalité de bien-être dans un pays donné est un déterminant statistique de la satisfaction de vie moyenne dans ce pays. Le poids de cette dimension est plus grand que celui des inégalités de revenu. Il en résulte que les politiques qui améliorent le bien-être des plus malheureux bénéficient non seulement à ces derniers, mais aussi à tous les autres membres de la société qui sont heureux d’évoluer dans un environnement moins inégalitaire. Effectuant des études internationales, des auteurs ont montré que parmi les pays riches, plus un pays un a système fiscal fortement progressif, plus la satisfaction de vie moyenne y est élevée, le même constat valant pour plusieurs dispositions caractérisant un système social protecteur (assurance chômage, système de sécurité sociale universel etc.).
Dans d’autres secteurs de l’action publique, une mesure sous l’angle du bien-être peut modifier le jugement porté sur l’efficacité ou la désirabilité des divers instruments de politique publique. S’agissant, par exemple, de la lutte contre le tabagisme, des expériences en Europe ont montré que des interdictions, comme celle de fumer dans les lieux publics, ont une influence plus élevée que des taxes sur le bien-être des fumeurs qui désirent arrêter de fumer. À l’inverse des taxes, ces politiques diminuent en effet la tentation de fumer liée au fait d’être en présence d’autres fumeurs, amenant à une satisfaction de vie plus élevée chez les personnes désirant arrêter de fumer.
