Raymond Boudon est un sociologue et philosophe français, né en 1934 et mort en 2013. Il s’est imposé comme le chef de file de l'individualisme méthodologique en France. Son ouvrage majeur est L'Inégalité des chances, paru en 1973. Il y traite de la question de la mobilité sociale, qui en son temps n’était guère accélérée par la démocratisation scolaire, ce qui pouvait surprendre. Raymond Boudon montre que l’élément essentiel, permettant d'expliquer l'inégalité des chances scolaires, doit être recherché dans la demande d'éducation, en d’autres termes dans l'ambition scolaire. Avec cette étude, le facteur individuel se situe devant celui de l'origine sociale, mis en avant par Pierre Bourdieu comme facteur de reproduction sociale.
Durant plusieurs décennies, la sociologie française a vu s’affronter les individualistes, emmenés par Raymond Boudon, et les structuralistes, guidés par Pierre Bourdieu. Les premiers soutiennent la liberté et la rationalité des décisions individuelles contre le déterminisme social et l’approche marxiste. Selon Boudon, l'individu constitue « l'atome logique de l'analyse » parce qu’il est l'élément central de tout phénomène social. Comprendre le social, c'est, dans cette perspective, comprendre les motifs qui guident les individus dans leur environnement et expliquer les conséquences de leurs actions, c'est-à-dire la manière dont l'ensemble des actions individuelles se recomposent pour créer le phénomène social. Ces conséquences sont souvent inattendues, voire contraires aux intentions de chacun.
Par ailleurs, dans Études sur les sociologues classiques, Raymond Boudon cherche à éclairer sous un nouveau jour les œuvres des grands auteurs de la discipline. Il ne s'agit pas de dresser une série de portraits avec synthèse en bloc de l'œuvre, ni de faire la liste des grands concepts communs à tous les sociologues, mais de prendre, au cas par cas, un travail précis, parmi ceux d'un grand sociologue, pour tester sans concession la solidité scientifique des propositions avancées.