Gagner en sport, c'est gagner pour son État et face aux autres. La victoire sportive est une manière de combattre et de vaincre l’adversaire sans faire de victimes, comme une version euphémisée de la guerre. Mais le sport est aussi un espace où peut s’élaborer la paix et se concrétiser le multilatéralisme. En effet, tel que l’ont décrit Norbert Elias et Eric Dunning dans Sport et civilisation, la violence maîtrisée publié chez Fayard, « au niveau international, des manifestations sportives comme les Jeux olympiques ou la Coupe du monde de football constituent, de manière visible et régulière, la seule occasion d’union pour les États en temps de paix ».
Le conflit entre les États-Unis, la RDA et l’URSS en pleine Guerre froide s’est traduit par une opposition sportive. Ce combat, devenu quête de la suprématie sportive mondiale, s’est transformé en « course aux médailles ».
Aujourd’hui, le sport est utilisé par toutes les grandes puissances mondiales qu’elles soient démocratiques ou autoritaires. Le « sport power russe » est au service de Vladimir Poutine et de ses intérêts. Quant à l’Afrique du sud de Nelson Mandela, cette politique a consisté pour la « nation arc-en-ciel » à organiser et gagner à tout prix une Coupe du monde de rugby tout en organisant la première Coupe du monde africaine de football pour la FIFA. Ils ne sont d’ailleurs pas en reste quand on observe les stratégies chinoises. De Beijing 2008 à Beijing 2022, la Chine emploie le sport pour signifier à tous son passage de l’émergence à la puissance globale, celle du « rêve chinois » de Xi Jinping.