Le sport permet de faire exister l’État, mais plus sûrement la nation. Il lui offre de l’incarner par les sportifs qui portent ses couleurs. La chute de la Yougoslavie a permis aux États nouvellement indépendants de s’affirmer et d’exister en investissant le sport. Que ce soit par le tennis pour la Serbie de Novak Djokovic, par le football pour le Kosovo ou la Croatie de Davor Suker, briller dans les compétitions sportives permet d’attiser l’identité nationale de ces États et de faciliter leur unité. D’autres États en ont fait leur image de marque internationale. La Jamaïque d’Usain Bolt a fait du sprint, un élément de fierté et d’unité nationales aux côtés de Bob Marley et des reggaemen.
Le sport est, en retour, un révélateur brutal des fractures nationales et des tensions identitaires. De l’illusion de la France Black-Blanc-Beur de 1998 à la récupération politique de la grève de Knysna, l’équipe de France a incarné les dérives, les problèmes et les inégalités de la société française. Par opposition, le sport est aussi une plateforme de revendications positives. Des Jeux de Mexico en 1968 à Colin Kaepernick en NFL jusqu’à l’arrêt de la NBA en raison des morts de George Floyd et Jacob Blake au cours des playoffs 2020, la compétition sportive est un espace d’expression nationale unique.
Révélateur des tensions nationales, le sport permet de créer l’unité. L’histoire de l’Allemagne peut ainsi être abordée au travers du parcours de la Mannschaft, sa sélection nationale. Du Miracle de Berne de 1954 à la réunification allemande de 1990 fêtée lors de la victoire en Coupe du monde, le sport offre un support unique pour rassembler les peuples, même s’ils sont séparés depuis longtemps. Hélas, le sport ne peut pas tout résoudre. En témoigne l’espoir sempiternel d’un rapprochement entre les deux Corée qui dure depuis 20 ans malgré les nombreuses initiatives ayant mobilisé le sport.