Gagner à tout prix en sport ne va pas sans dérives. Du dopage d’État au « dopage institutionnalisé » étayé par le rapport McLaren, la Russie depuis quelques années s’impose comme l’un des foyers du dopage mondial. Après la natation chinoise des années 1990 et les scandales éclaboussant les Américains et les Jamaïcains, la Russie poutinienne est prise sur le fait. Le documentaire Icarus de Bryan Vogel illustre, avec les confessions inattendues de Grigory Rodchenkov, la stratégie poursuivie par le ministre des Sports russe, Vitali Moutko. Il révèle le scandale d’un dopage généralisé remettant en cause toutes les performances russes depuis le début de la décennie 2010.
Tricher permet de gagner sans le mériter. L’Allemagne de l’Ouest lors du « Miracle de Berne » en a profité en 1954. Pour autant, manipuler les règles n’est pas sans risques. Être suspendu, ne pas participer ou être pointé du doigt par l’ensemble de la communauté internationale sont des humiliations majeures. Pour les tricheurs, toute politique de soft power sportif contient en germes des retombées négatives proportionnelles aux avantages que le sport peut offrir.
Les exclusions de l’Allemagne et du Japon du sport mondial, conséquence des Guerres mondiales, ont marqué les peuples. Les boycotts sont aussi tranchants. Que ce soient ceux des États africains à l’occasion des Jeux de Montréal ou ceux de la Guerre froide, ils témoignent des impasses et des limites du pouvoir du sport. Les Jeux d’hiver de Pyeongchang 2018 présentés comme « les Jeux de la Paix » ont illustré l’inefficacité de la « diplomatie du rayon de soleil » menée par le président sud-coréen. Ils ont surtout révélé l’instrumentalisation du sport par le leader nord coréen, Kim Jong-Hun.