Bérénice – Racine

Illustre réputation née du mérite comme au vers 187, I, 4, Antiochus s’adressant à Bérénice : « Si dans ce haut degré de gloire et de puissance,/Il vous souvient des lieux où vous prîtes naissance…», il est aussi le sentiment de l’honneur, le respect de sa propre réputation vis-à-vis des autres et de soi-même. A l’acte V, scène 7, vers 1394 Titus s’adressant à Bérénice : 

« Ma gloire inexorable à toute heure me suit ;/ Sans cesse elle présente à mon âme étonnée/ L’empire incompatible avec votre hyménée. ». 

Le cœur de l’intrigue se trouve dans cette alternative entre le pouvoir et l’amour, entre l’honneur et la passion. Ces termes qui pourraient évoquer le dilemme cornélien sont traités par Racine dans une perspective moins féodale que janséniste : les personnages renoncent aux passions  par amour sublimé d’autrui.

A l’acte II, scène 2, Paulin énonce la vérité politique suivante, aux vers 376-379 : 

« [ Bérénice ] Elle a mille vertus ; mais, Seigneur, ell est reine./Rome, par une loi qui ne se peut changer,/N’admet avec son sang aucun sang étranger/ Et ne reconnaît point les fruits illégitimes/Qui naissent d’un hymen contraire à ses maximes. »

Selon une légende entretenue par les historiens latins, Quintus Fabius Pictor, Tite-Live, Denys d’Halicarnasse, Plutarque ou Varron, la monarchie a été frappée de malédiction après le règne de Tarquin, tyran d’origine étrusque. Dépeint comme un usurpateur violent, assassin de son épouse, hostile au Sénat et aux aristocrates, il gouverna en autocrate populiste. Sept rois sont identifiés de la fondation légendaire de Rome en 753 av JC par Romulus, à la révolution de 509 av JC qui instaura la république. Le premier est idéalisé, le dernier noirci.

Elle fait partie des règles du théâtre classique énoncées par Boileau dans son Art Poétique (1674), formulées avant lui par l’abbé d’Aubignac, l’italien Scaliger ou Jean Chapelain.

Conformément au respect de la vraisemblance, à laquelle cette notion est liée, et à la morale, l’acteur ne doit pas choquer les spectateurs. L’intimité physique et la violence sont exclues de la scène si bien que les batailles et les morts se déroulent hors scène, donnant lieu à un récit des messagers (par exemple : la mort d’Hippolythe, évoquée par Théramène dans Phèdre à l’acte V). Boileau formule ainsi cette règle :

« Ce que l’on ne doit point voir, qu’un récit nous l’expose:/Les yeux en le voyant saisiront mieux la chose ;/Mais il est des objets que l’art judicieux/Doit offrir à l’oreille et reculer des yeux. »

L’oxymore ou oxymoron, (du grec oxus, pointu, fin, intelligent, et moros, émoussé, sot, d’où l’adjectif « fin sous une apparence de niaiserie » et la création du nom oxymoron en rhétorique pour désigner une ingénieuse alliance de mots contradictoires) est une antithèse qui unit en un syntagme deux termes en principe contradictoires. Le plus célèbre est celui de Corneille dans le Cid :

« Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. »

1° Antiochus à Bérénice, I, 4, v. 194-195-196

« Titus, pour mon malheur, vint, vous vit et vous plut.

Il parut devant vous devant tout l’éclat d’un homme

Qui porte entre ses mains la vengeance de Rome. »

2° II, 5, v. 664-665-666 Bérénice à Phénice

« Rassurons-nous, mon cœur, je puis encore lui plaire.

Je me comptais trop tôt au rang des malheureux !

Si Titus est jaloux, Titus est amoureux. »

3° III, 1, Titus à Antiochus parlant de Bérénice, v. 695-698.

« Je sais que Bérénice, à vos soins redevable,

Croit posséder en vous un ami véritable :

Elle ne voit dans Rome et n’écoute que vous ;

Vous ne faites qu’un cœur et qu’une âme avec nous. »

4° III, 1 Titus v. 720-721 et 722.

« Maître de l’univers, je règle sa fortune ;

Je puis faire les rois, je puis les déposer ;

Cependant de mon cœur je ne puis disposer ; »

5° IV, 5 Bérénice à Titus, v.  113-114

« Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,

Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ? »

6° V, 7 Bérénice v. 1502 à 1504

« Adieu. Servons tous trois d’exemple à l’univers

De l’amour la plus tendre et la plus malheureuse

Dont il puisse garder l’histoire douloureuse.. »