Avec Illusions perdues, Balzac s’inscrit dans la verve du roman réaliste et revêt le rôle du sociologue qui analyse la société à la loupe pour en dénoncer les travers. Cette société témoigne d’une période de transition qui s’opère au XIXe siècle avec les avancées techniques et l’importance donnée au monde des affaires.
Le rapport à l’argent et à l’art évolue, en effet, dans les années 1820, époque de basculement entre le monde ancien et moderne. C’est ce moment que choisit le romancier pour son roman, ce qui lui permet de poser un regard distancé sur cette mutation sociale et culturelle qui se met en place. Le roman se fait roman d’apprentissage à travers le parcours de Lucien qui a pour ambition de réussir dans le milieu littéraire. Ce dernier découvre tous les aspects liés au monde de l’édition : l’imprimerie, la librairie, la création, mais aussi la réception avec la critique dominée par la loi de la demande et du profit.
Le journalisme se révèle être un milieu corrompu, dont dépendent les succès en librairie, et il n’accorde qu’une valeur commerciale et non littéraire à la création. Le pouvoir du journaliste est donc immense : Lucien est surnommé ironiquement, par Claude Vignon, « Bossuet II ». La vision que donne Balzac de la vie littéraire parisienne dictée par l’argent est donc particulièrement pessimiste et négative, mais réaliste.