Juste la fin du monde – Lagarce

L’intrigue

Un dimanche, après douze ans d’absence, Louis surgit dans sa famille pour annoncer sa mort imminente. Mais les reproches sur ces années passées ne tardent pas : pourquoi ne pas avoir donné de nouvelles tout ce temps ? Pourquoi ces lettres elliptiques, ces petits mots disséminés révélateurs du mépris familial ? Pourquoi ce départ précipité, une telle insouciance, voire une indifférence ?

Très vite, Louis redevient l’étranger dans les critiques implicites des discours de la Mère, le frère indigne chez Suzanne et Antoine, la cible de monologues enfiévrés. Les souvenirs affluent au même rythme que la colère gronde. Finalement, incapable de révéler les raisons de sa visite et devant essuyer les crises de jalousie de son frère, Louis s’abandonne en évoquant son impossibilité d'accéder au bonheur et préfère mourir seul.

Adaptation cinématographique

Juste la fin du monde a été adapté au cinéma en 2016 par Xavier Dolan. Le film se veut fidèle au huis clos oppressant du drame de Lagarce avec les mêmes personnages et une trame identique, celle du retour du fils prodigue, écrivain à succès, incarné par Gaspard Ulliel.

Véritable « traité clinique de la folie familiale », le film donne à voir les déchirements individuels et collectifs, une parole qui se délite et qui devient silence pesant. Les mots ne font plus sens, le silence, oui. Pour le dire et le montrer, le réalisateur opte pour la fragmentation des plans : rarement réunis dans un même champ, à force de gros plans, les personnages s’exilent à mesure que le film avance. D’aucuns y ont vu un film littéraire, un hommage au dramaturge disparu prématurément.