La Princesse de Clèves est le modèle du roman d’analyse. Loin de mettre l’accent sur l’intrigue dans un roman d’amour qui ne débouche sur rien, l’essentiel réside dans l’intériorité des personnages, la conscience qu’ils ont des événements et leurs hésitations existentielles. Entre la filiation avec le dilemme du roman médiéval (ainsi, dans Chrétien de Troyes, le héros exprime son hésitation entre deux actions) et le roman de la conscience flaubertien, l’analyse psychologique au XVIIe possède une portée morale. Une vérité humaine y est décrite à la manière des moralistes et des précieux, guidée par la pensée janséniste. La Rochefoucauld disait de la Princesse de Clèves : « La même fermeté qui sert à résister à l’amour sert aussi à le rendre violent et durable. ». Le discours indirect libre qui permet de retranscrire les dires ou les pensées d’un personnage sans passer par un terme introducteur focalise le propos sur un point de vue interne. La lecture des indices de l’amour chez autrui au-delà des apparences trompeuses, le souvenir des injonctions maternelles, les clivages intérieurs en sont le contenu le plus fréquent pour l’héroïne.
La Princesse de Clèves – Mme de La Fayette
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Les aveux dans le roman
Jalons forts de l’intrigue, les aveux ponctuent l’avancement du sentiment amoureux dans le cœur des personnages. D’origine chrétienne, l’aveu renvoie à la nécessité dans le sacrement de la confession de dire ses fautes pour qu’elles soient pardonnées. S’y ajoute le devoir de lucidité sur soi-même qu’impose la morale classique au XVIIe, désireuse de maîtrise de soi. Le premier aveu est celui que le personnage se fait à lui-même lorsqu’il se reconnaît qu’il aime. Souvent l’inclination est perçue par autrui en premier lieu ; ainsi le goût naissant que la princesse a pour Nemours est remarqué par Madame de Chartres, sa mère. Le premier aveu est celui que Mme de Clèves fait à sa mère, puis celui que le duc de Nemours fait à la princesse. Le plus étonnant est l’aveu de la princesse à son époux, surpris par le duc de Nemours qui ne comprend pas dans un premier temps qu’il s’agit de lui. Jugé à l’époque totalement invraisemblable, il a suscité de très nombreux commentaires. Le roman s’achève sur les aveux sincères des deux amants et leur renoncement. L’exigence de lucidité et de transparence s’opposent aux mensonges de la cour.