Le drame romantique se caractérise notamment par le mélange des tons, à l’instar du modèle du drame bourgeois en vogue au XVIIIe siècle. En effet, reposant sur le sublime et jouant sur le registre pathétique, le genre du drame romantique use des mêmes ressorts dramatiques que la tragédie : il tend à produire chez le spectateur la crainte et la pitié.
L’intrigue a le plus souvent un cadre historique bien défini qui permet de mener l’action sur le mode épique et d’évoquer des événements grandioses. Cet ancrage de l’intrigue dans le passé contribue également à éviter toute censure, malgré la critique implicite du régime politique contemporain à la pièce. La Renaissance italienne constitue le contexte historique de l’histoire de Lucrèce Borgia de Victor Hugo en 1833, mais aussi celui de Lorenzaccio d’Alfred de Musset en 1834 ; l’Espagne du XVIe siècle sert de cadre à Hernani en 1830, tandis que c’est dans l’Espagne du XVIIe siècle que se situe l’action de Ruy Blas en 1838 de Victor Hugo et dans l’Angleterre au XVIIe siècle, que se déroule celle de Cromwell (1827). La pièce Henri III et sa cour (1829) se déroule en 1578, mêlant amour, complot et mort.
Le drame romantique met au centre des problématiques politiques et dénonce la corruption des monarques, dont la vengeance du peuple se fait meurtrière : les têtes tombent sur la scène. Pas de respect de la bienveillance, autre règle classique rejetée par les dramaturges. Les meurtres sont représentés par souci de vraisemblance, tel l’assassinat de Laurent de Médicis par son cousin dans Lorenzaccio.
L’esthétique du théâtre romantique fait l’objet d’une querelle entre deux conceptions de la dramaturgie : cassure de l’alexandrin, prosaïsme, mise à distance, désacralisation des figures royales. Aussi les classiques et les romantiques s’opposent-ils dès les premières représentations d’Hernani : la claque est soutenue par Théophile Gauthier, revêtu du fameux gilet rouge. C’est « la bataille d’Hernani » en 1830.