La forme prend une place importante dans l’œuvre de Francis Ponge : le poète tend à explorer, à travers son recueil, le monde dans son prosaïsme le plus complet, relevant de l’infra-ordinaire.
Ainsi, dans Le Parti pris des choses (1942), il accorde une dimension nouvelle aux objets méprisés par la poésie classique, tels le cageot, la bougie, le pain, le savon ou encore la cigarette ou l’orange.
Le poète se rapproche du matérialisme développé par le philosophe romain Lucrèce dans son œuvre en vers intitulée De la nature des choses (Ier siècle avant J.-C.). Il entend faire la description des éléments « de leur propre point de vue », selon une démarche proche de celle du scientifique, ce qui confère au poème une dimension encyclopédique, issue de son observation du monde.
Aussi, énonce-t-il ses principes poétiques dans son poème « L’œillet » : « Étant donné une chose – la plus ordinaire soit-elle – il me semble qu’elle présente toujours quelques qualités vraiment particulières sur lesquelles, si elles étaient clairement et simplement exprimées, il y aurait opinion unanime et constante : ce sont celles que je cherche à dégager. » (Le Parti pris des choses, 1942)