Les Fausses confidences – Marivaux

L’intrigue

Dorante, un homme désargenté et honnête, est épris d’une jeune, jolie et riche veuve, promise pour de sombres affaires de terre au comte Dorimont. Son ancien valet, Dubois, met en place un stratagème pour unir les deux âmes : Dorante devient le nouvel intendant de la famille, dépêché pour s’occuper des intérêts de la famille.

Survient alors Marton, la suivante d’Araminte, subjuguée par Dorante. Elle devient la fiancée attitrée, idéale pour l’oncle Rémy. Mais en apercevant Dorante et la servante, la jeune veuve découvre, par l’intermédiaire de Dubois, un homme « d’une probité merveilleuse ». La voilà émue, troublée. L’ultime stratagème de Dubois, l’interception d’une lettre par Marton, aura raison de ses dernières résistances : Araminte avoue son amour, Dorante, sa passion.

Les personnages du drame

Rarement les personnages de Marivaux ont paru aussi complexes et d’une telle richesse. De Dubois, le valet machiavélique et scrupuleusement fidèle à son maître, le spectateur ne saura pas grand-chose, même si lui, à l’évidence, connaît l’âme humaine comme personne. De Marton, très peu aussi, sinon qu’elle est belle et naïve et que son sacrifice amoureux est à la hauteur de sa cruelle déception. Du bourgeois Dorante, gardons l’image d’un homme acceptant sa piètre condition, mais prêt à suivre le plan de son valet. De la jeune et fortunée Araminte, enfin, voyons-y le portrait d’une combattante : contre sa passion naissante d’abord, mais aussi contre la norme sociale que lui impose son rang. Femme souffrant, mais aussi cruelle quand il s’agit de pousser à bout Dorante.

L’originalité de la pièce

Les Fausses confidences est une pièce originale à plus d’un titre. D’abord, parce qu’elle place la complexité des relations et des statuts humains au centre du drame avec pour exemple les personnages de Dubois et de Dorante.

Mais aussi parce qu’elle multiplie les péripéties résolument tournées, le spectateur le sait bien, vers un dénouement qui satisfera chacun et qui rompra avec la tyrannie des valeurs sociales et pécuniaires, préoccupations de toute une époque qui veut que la morale l’emporte.

Enfin, c’est pour sa dimension psychologique que le drame de Marivaux brille : y sont explorés les méandres de l’inconscient à travers une analyse aiguë des sentiments qui nous dépassent et contre lesquels aucune forme de résistance n’est possible. Celui de l’amour nous déborde.