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Les Tragiques – Agrippa d'Aubigné

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Citations Les Tragiques

1° p. 53 Au lecteur

« Nous sommes ennuyés de livres qui enseignent, donez-nous en pour émouvoir, en un siècle où tout zèle chrétien est péri, où les mains des ennemis de l’Eglise cachent […] leurs inhumanités sous la libéralité.»

2° p. 78 Misères , v. 59-64

« Ces ruisselets d’argent que les Grecs nous feignaient, […] Sont rouges de nos morts ; le doux bruit de leurs flots, Leur murmure plaisant heurte contre des os. »

 3° p. 79, Misères ! v. 89-90-93-94

« O France désolée ! ô terre sanguinaire
Non pas terre mais cendre ; ô mère, si c’est mère […]
Tu leur donnes la vie, et dessous ta mamelle
S’émeut des obstinés la sanglante querelle.»

« Je veux peindre la France une mère affligée,
Qui est entre ses bras de deux enfants chargée. »(v.97-98)

4° p. 122 v. 205-208 Princes

« Quand le peuple gémit sous le faix tyrannique,
Quand ce siècle n’est rien qu’une histoire tragique,
Ce sont farces et jeux toutes leurs (= des Princes ) actions ;
Un ris sardonien peint toutes leurs actions. »

5° p. 138 v. 782 à 785, Princes

« Son visage de blanc et de rouge empâté,
Son chef tout empoudré nous montrèrent l’idée,
En la place d’un Roi, d’une putain fardée. »

6° La Chambre dorée, 191-192- 194-195

Dieu voulut visiter cette roche aux lions,
Entra dans la tanière et vit ces Lycaons,
[…] avaient pour friandises
Des enfants déguisés […] 

7° Les Fers, p. 244,  v. 559-560

Là même on voit flotter un fleuve dont le flanc
Du chrétien est la source et le flot est le sang.

8° Jugement p. 339, v.1217-1218 et v. 191-192- 194-195

Tout meurt, l’âme s’enfuit, et reprenant son lieu
Extatique se pâme au giron de son Dieu.

Dieu voulut visiter cette roche aux lions,
Entra dans la tanière et vit ces Lycaons,
[…] avaient pour friandises
Des enfants déguisés […] 

Le massacre de la Saint Barthélémy 24 Août 1572

La saison de la Saint-Barthélémy désigne la période de plusieurs mois, à la fin de l’été 1572 et pendant l’automne, durant laquelle une véritable épidémie de massacres toucha successivement les principales villes du royaume, causant la mort de dix à trente mille protestants assassinés par les catholiques.

D’Aubigné est d’autant plus enclin à exprimer son indignation que n’ayant pas été impliqué dans l’événement, il avait la culpabilité des survivants. Il quitta Paris trois jours avant la Saint Barthélémy, car il blessa un sergent qui voulait le prendre après avoir pris le parti d’un ami dans un combat. Blessé au cours d’un guet-apens, il risque la mort en s’enfuyant pour retrouver sa bien aimée Diane Salviatti.

Un concours de circonstances futile dissocie le destin de l’auteur de ses co-religionnaires dont il se fait le témoin personnel.

Le Témoignage

« Car mes yeux sont témoins du subjet de mes vers » ( I, 371)

L’écriture des Tragiques a le témoignage pour principe. Ayant échappé de peu à la mort à Talcy au cours d’une embuscade en 1572, pendant la saison de la Saint Barthélémy, et à Casteljaloux en1577 après une blessure reçue au combat, le poète s’engage comme témoin de son époque dont il veut dénoncer l’horreur et les péchés. Survivant des massacres subis par les protestants, son témoignage a non seulement pour but d’attester de la vérité historique mais de s’amender de ses erreurs. Remis de ses blessures et après avoir en vain courtisé Diane Salviatti et rédigé un poème pétrarquisant, il rejoint Henri de Navarre dont il partage la vie débauchée et oisive qu’il dénonce dans Les Princes (II). Il donne à voir selon un principe d’autopsie des scènes triviales de la satire ainsi que le théâtre tragique du monde.

L’enjambement

Le mot « enjamber » est employé pour la première fois au sens de « prolonger au-delà du vers » par Ronsard et le nom « enjambement » en versification date du XVIIe. Le rejet et le contre-rejet ne concernent qu’un mot ou deux et sont des discordances stylistiques visant à mettre en relief.

On appelle enjambement interne un débordement syntaxique qui se fait par rapport à la césure, ce qui est particulièrement le cas dans les vers ternaires (4/4/4).

L’enjambement externe se fait vers à vers et il existe aussi des enjambements de strophe à strophe.
Chez d’Aubigné, l’enjambement est un trait stylistique majeur et participe d’une rhétorique de l’emportement faisant passer le lecteur de l’indignation, à l’horreur, du sarcasme à l’attendrissement ou l’admiration. 

Exemple :

« O France désolée ! ô terre sanguinaire,/ Non pas terre, mais cendre ! ô mère, si c’est mère / Que trahir ses enfants aux douceurs de son sein Et quand on les meurtrit les serrer de sa main ! »

L’hypotypose

Figure de pensée consistant à décrire une scène de manière si vive, si énergique et si bien observée qu’elle s’offre aux yeux avec la présence, le relief et les couleurs de la réalité.

La description n’est pas une ekphrasis, plus explicative ou informative. Elle est du côté du pathétique, et de la théâtralité. Elle donne l’illusion d’une présence qui n’est pas une simple visualisation, mais une communication d’émotion à émotion du créateur à celle de son public.

L’excès de l’hyperbole, le réalisme outrancier de nature épique accompagne souvent les scènes dont d’Aubigné a voulu témoigner :

 « Le cri me sert de guide, et fait voir à l’instant/D’un homme demi-mort le chef se débattant/Qui sur le seuil d’un huis dissipoit sa cervelle.» (I, 383-385)

Le corps mourant est aussi un corps parlant dont le martyr porte témoignage. L’auteur se fait coryphée et somme le lecteur d’adhérer à la promesse du Royaume de Dieu.

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