En 1818, le recueil devait s’appeler « Élégies », le choix du mot « méditation » s’est imposé tardivement. Il ne s’agit plus pour le poète d’exprimer sa tristesse songeuse en de tendres et mélancoliques complaintes, mais de s’interroger sur le mystère des choses, d’approfondir le poème vers le sens de l’existence au lieu de le parfaire dans sa forme et son expressivité. Le mot « méditation » vient du latin « meditari », murmurer à voix basse, se parler à soi-même. Il indique d’abord le retrait en soi, la réflexion intime où puissent s’exalter librement les agitations de l’âme, les tourments nés de l’expérience du deuil. Ensuite, le poète se présente comme un poète pensant, avide d’Absolu, héritier du théologien. « La métaphysique et la poésie sont sœurs, ou plutôt ne sont qu’une : l’une étant le beau idéal dans la pensée, l’autre le beau idéal dans l’expression. » Mais méditer a aussi une dimension religieuse, c’est se faire explorateur de l’ordre spirituel et rencontrer la question de Dieu. L’interrogation se mue en prière d’action de grâces, comme dans « Le Temple » ou « Le Chrétien mourant. »
Méditations poétiques – Alphonse de Lamartine
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Ordre et désordre dans Les Méditations poétiques et les Nouvelles méditations.
L’ordre adopté lors de la publication des poèmes n’est pas celui de la chronologie de l’écriture. Est-il arbitraire ? Une cohérence apparaît, malgré un apparent désordre dans le premier recueil qui va de « L’isolement » aux deux derniers vers de « L’automne ». L’incipit donne la tonalité et le thème, un homme au cœur meurtri par la mort d’un être cher. Le dernier poème, après avoir parcouru toute la gamme du deuil s’achève sur l’attente apaisée de la mort. Entre deux, s’expriment les différentes étapes d’une aventure sentimentale avec celle qu’il nomme Elvire, et dont il déplore la disparition trop précoce. L’histoire d’un cœur brisé se double de l’histoire d’une âme en proie au doute, puis raccordée à son Dieu. Dans le second recueil, c’est l’impression de décousu qui domine, malgré les affirmations de Lamartine. « L’esprit de Dieu », poème liminaire, décrit la création poétique comme tributaire de l’inspiration et de la volonté d’en haut. Les « Adieux à la poésie », placés à la fin du livre montrent le poète désabusé qui abandonne sa lyre. Si la plupart des thèmes du premier recueil se retrouvent, des thèmes plus engagés ou plus gais sont aussi présents, l’anti-bonapartisme, ou le bonheur conjugal à Ischia.