Œdipe roi

Fils de Laïos, roi de Thèbes, et de Jocaste, Œdipe est certainement l'un des héros de la mythologie grecque les plus connus. Un oracle prédit à Laïos que son fils finirait par tuer son propre père et qu'il épouserait sa mère.

Afin de déjouer l'oracle, Laïos et Jocaste choisissent donc de faire abandonner leur fils, qui se retrouve exposé dans la montagne après qu'on lui ait percé les chevilles (d'où son nom Oidipous signifiant, en grec, « pieds enflés ») dès sa naissance, puis recueilli et élevé par le roi de Corinthe.

Un jour, Œdipe rencontre un voyageur avec qui il est amené à se quereller et qu'il finit par tuer, sans savoir qu'il s'agit de son vrai père.

Arrivé à Thèbes, il affronte le Sphinx, dont il parvient à résoudre l'énigme, et débarrasse ainsi le pays de ce monstre.

Reconnaissant, le peuple le fait roi et il épouse la reine Jocaste (en réalité, sa propre mère) avec qui il a quatre enfants. Une fois la vérité révélée, Jocaste se pend, tandis qu'Œdipe, incapable de voir la réalité de ses crimes, se crève les yeux et part pour l'exil accompagné de sa fille Antigone.

Traditionnellement, les scènes d'affrontement doivent répondre à un schéma strict. D'abord, une scène d'affrontement commence par deux tirades, commentées ensuite chacune par le chœur, chaque commentaire du chœur émettant une thèse.

S'ensuit le cœur de l'affrontement traduit par une stichomythie (tirade vers à vers) qui se termine enfin sur deux brèves tirades correspondant à la défaite de l'un, et au triomphe de l'autre.

Dans la tragédie de Sophocle, on remarque que l'auteur prend quelques libertés avec ce schéma, notamment dans l'affrontement Œdipe/Tirésias, puisque cette scène se termine sur la seule conclusion de Tirésias.

Les scènes de supplication, comme celles d'affrontement ou de messager, sont des constantes de la tragédie grecque. Dans la tragédie de Sophocle, elles sont clairement au nombre de trois, sauf si l'on considère l'affrontement final entre Œdipe et Créon.

Il existe donc trois scènes essentielles : Œdipe et le prêtre de Zeus, Œdipe et Tirésias, Jocaste et Apollon. Ces trois scènes soulignent une évolution croissante qui part du sacré jusqu'à Dieu.

Ces scènes sont marquées par des personnages suppliants qui renferment certaines caractéristiques comme :

• les accessoires (rameaux, couronnes...) ;
• le langage adopté (impératifs, rappel du nom de l'interlocuteur...) ;
• les attitudes (supplications à genoux...).

Sans Jocaste, le mythe d'Œdipe et Œdipe lui-même ne peuvent exister. C'est pourquoi, dans la tragédie, Jocaste est un personnage indispensable et tout en relief. Tout d'abord, on peut affirmer que Jocaste est un personnage tragique. En effet, elle est victime de la colère et du mépris des dieux malgré ses tentatives de remettre en cause l'oracle.

Jocaste est cependant une reine admirable, une mère et une épouse parfaite, qui tente de calmer les angoisses de son mari (pour mieux les souligner). Malgré ces qualités évidentes, Jocaste est aussi une mère, et une épouse, blessée par son destin et tuée par celui de son fils.

Jocaste pose tout de même le problème de sa culpabilité possible en tant que mère, dans la mesure où elle semble parfois défier la relation incestueuse.

Jocaste est un personnage sombre qui, sous des airs de mère et d'épouse aimante, cache de profondes blessures et tente de masquer la vérité. Elle a vécu une existence ponctuée de drames qui l'ont profondément blessée.

D'abord, la perte de son premier époux est doublement douloureuse puisqu'elle a dû sacrifier un fils en l'abandonnant pour déjouer l'oracle. De plus, cette double perte lui vaut d'éprouver des sentiments violents à l'égard des dieux.

Aussi, le caractère sombre de Jocaste vient de son échec de mère qui épouse son fils, tente de le rassurer, mais semble ne pas vouloir admettre la vérité.

Toute l'œuvre de Freud est marquée par le mythe d'Œdipe, dont il a défini le complexe. Dans Introduction à la psychanalyse, voici ce qu'il affirme :

« La mythologie nous montre que les hommes n'hésitent pas à attribuer aux dieux l'inceste qu'ils ont eux-mêmes en horreur, et l'histoire ancienne vous enseigne que le mariage incestueux avec la sœur était (chez les anciens pharaons, chez les Incas du Pérou) un commandement sacré. Il s'agissait donc d'un privilège interdit au commun des mortels. L'inceste maternel est un des crimes d’Œdipe, le meurtre du père est son autre crime. Disons en passant que ce sont là les deux grands crimes qui étaient déjà condamnés par la première institution religieuse et sociale des hommes, le totémisme. Passons maintenant de l'observation directe de l'enfant à l'examen analytique de l'adulte névrosé. Quelles sont les contributions de cet examen à une analyse plus approfondie du complexe d'Œdipe ? Elles peuvent être définies très facilement. Il nous présente ce complexe tel que nous l'expose la légende ; il nous montre que chaque névrosé a été lui-même une sorte d’Œdipe ou, ce qui revient au même, est devenu un Hamlet en réagissant contre ce complexe. Il va sans dire que la représentation analytique du complexe d’Œdipe n'est qu'un agrandissement et un grossissement de l'ébauche infantile. La haine pour le père, le souhait de le voir mourir ne sont plus marqués par de timides allusions, la tendresse pour la mère a pour but avoué de la posséder comme épouse. »

Le complexe d'Œdipe renferme toutes les tendances attractives de l'enfant envers sa mère, et toutes les tendances répulsives de l'enfant envers son père.

D'après la conception freudienne de la sexualité infantile, le complexe d'Œdipe est un élément primordial. Il serait, selon Freud, à la base de quelques troubles psychiques comprenant un rejet total de la figure du père, considéré le plus souvent comme un rival.

On parle de complexe d'Œdipe principalement pour les garçons, les filles trouvent leur équivalent dans le complexe d'Électre qui fait, lui, référence à un autre mythe concernant la famille des Atrides.