La médaille Fields est la plus grande distinction qu’un mathématicien peut recevoir, avec le prix Abel. Les deux récompenses sont considérées comme équivalentes au prix Nobel, qui n’existe pas dans la discipline des mathématiques. Elle a été créée en 1923 par John Charles Fields.

Création

L’histoire de la médaille Fields est en quelque sorte liée à celle du Prix Nobel. Lorsque Alfred Nobel s’éteint en 1896, son dernier souhait est qu’une institution soit créée pour récompenser des personnes ayant contribué à faire progresser les domaines du savoir et de la culture. Il demande à ce que des prix soient remis dans les cinq disciplines suivantes : la littérature, la paix, la physique, la médecine et l’économie. Les mathématiques n’en font pas partie.

Quelques années plus tard, à Toronto, le mathématicien canadien John Charles Fields propose de créer, lors d’une réunion internationale en 1923, un prix spécifique aux mathématiques dans le but de récompenser les meilleurs chercheurs dans cette discipline. Il meurt en 1932 et lègue tous ses biens à la science afin que la récompense puisse être fondée. La première médaille est décernée en 1936 à deux mathématiciens : Lars Ahlfors, de Finlande, et Jesse Douglas, des États-Unis.

La cérémonie de remise a d'abord lieu tous les quatre ans lors du congrès international des mathématiciens. Par la suite et jusqu'en 1950, à cause de la Seconde Guerre mondiale, l'organisaton de cette cérémonie est suspendue. Plus tard, en 1966, il est décidé que le prix décernera quatre lauréats, au lieu de deux, tous les quatre ans.

La récompense

Contrairement au prix Abel, remis dans la même discipline, la médaille Fields ne récompense pas la carrière d’un mathématicien. Les lauréats sont des chercheurs en mathématiques qui ont résolu un problème ou énoncé une théorie, et sont âgés de moins de 40 ans. Le gagnant reçoit, en plus d’une somme de 15 000 dollars canadiens (soit 30 fois moins que la récompense du Nobel), une médaille d’or.

La médaille Fields représente, sur l'une de ses faces, le visage d’Archimède. On peut également y lire l’inscription suivante : « S’élever au-dessus de soi-même et conquérir le monde » en latin, une citation du poète Marcus Manilius. De l’autre côté, est inscrite une autre phrase en latin signifiant : « Les mathématiciens s’étant rassemblés du monde entier ont remis cette récompense en raison de remarquables écrits ». Le nom du lauréat figure sur la tranche.

Les lauréats

Beaucoup de nationalités sont représentées par la médaille Fields. La dernière cérémonie, qui a eu lieu au Brésil en 2018, a récompensé quatre mathématiciens venant d’Iran, d’Italie, d’Australie et d’Allemagne. C’était d’ailleurs la première fois qu’un Français n’avait pas été lauréat depuis 1998. La France compte à ce jour 11 médailles Fields, ce qui en fait le deuxième pays le plus représenté, juste après les États-Unis. Sur les 11, 10 mathématiciens sont issus de l’École normale supérieure de Paris. L’école mathématique française est ainsi considérée comme l’une des meilleures au monde. Elle a d’ailleurs été mise en lumière en 2010 lorsque Cédric Villani a reçu la médaille Fields.

Sur 60 médaillés depuis 1936, seule une femme s’est vue remettre le prix : il s’agissait de la mathématicienne iranienne Maryam Mirzakhani qui a reçu la médaille Fields pour ses « contributions exceptionnelles à la dynamique et la géométrie des surfaces de Riemann et de leurs espaces de modules ». C’était également la première médaillée d'origine iranienne. Et un seul mathématicien a décliné le prestigieux prix, le russe Grigory Perelman en 2006, refusant l’exposition médiatique.

Info bonus : Le prix Abel

Ce prix récompense également des chercheurs pour leur contribution en mathématiques. Créé en 2003 en Norvège, il ressemble davantage au prix Nobel. Il est décerné par l’académie scientifique norvégienne et tire son nom d’un grand mathématicien norvégien du XIXe siècle, Abel. Le prix récompense la carrière d’un mathématicien et donne lieu à une récompense financièrement plus importante que celle prévue par la médaille Fields : le lauréat remporte en effet 500 000 euros. Le premier prix Abel a été attribué au français Jean-Pierre Serre, qui avait déjà été le plus jeune lauréat de la médaille Fields en 1954.