En 79 après JC, le volcan du Vésuve entre en éruption : 17 ans auparavant (en 62 ap. J.-C.), une série de séismes a déjà annoncé son réveil en ravageant la région de la Campanie. On a longtemps cru que l’éruption avait eu lieu au mois d’août, toutefois de nombreux objets et preuves récoltés au cours des fouilles indiquent que l’éruption aurait finalement eu lieu en octobre ou novembre.
Les signes annonciateurs de la catastrophe
Le matin de l’éruption, le calme règne dans les villes de la Campanie antique, région très fertile située dans la baie de Naples, et notamment à Pompéi, Herculanum et Stabies situées au pied du Vésuve. Au cours du mois, des vagues de séismes ont régulièrement secoué le sol et les fumerolles se multiplient au sommet du volcan, mais pas de quoi affoler la population habituée à ce type de phénomènes. Ce jour-là, une première explosion se produit à l’aube formant un petit nuage noir au sommet du volcan, ce que les habitants de Pompéi et Herculanum interprètent comme les signes avant-coureurs d’un orage… Quelques riches propriétaires dont les demeures sont construites sur les flancs mêmes du volcan commencent toutefois à s’inquiéter en s’apercevant que ce n’est pas de la pluie qui tombe sur le pas de leurs portes, mais bien des cendres et des pierres…
La nature de l’éruption
L’éruption, commencée dans la matinée du 24, va durer deux jours. Vers 13h, une nouvelle explosion retentit et une colonne de gaz sombre de près de 15km s’élève au-dessus du volcan. Une demi-heure plus tard, des lapilli (petites pierres poreuses faites de cendre agglomérée) et des pierres ponces commencent à tomber à plus de 150 km/h. Le ciel continue de s’assombrir, la population tente de fuir cette pluie mortelle, mais en vain… Au bout de deux heures, le volcan crache environ 100 000 tonnes de déjection volcanique à la seconde et près de 100 millions de tonnes de cendre, de gaz et de pierres ponces ont déjà atteint la ville de Pompéi. Le panache éruptif dépasse désormais les 30 km de haut, formant le fameux « pin-parasol » que décrira Pline le Jeune, dans ses lettres, précieux témoignage de l’éruption à laquelle le jeune homme assiste impuissant…
Un témoin oculaire : Pline le Jeune
Pline le Jeune est âgé de 18 ans au moment de l’éruption et se trouve à cette époque à Misène, située à 35 km environ du volcan. Il accompagne son oncle maternel, Pline l’Ancien, philosophe, naturaliste et homme politique, qui commande alors la flotte romaine à Misène. Peu après avoir constaté les premiers phénomènes liés à l’éruption, et ayant reçu un appel au secours de l’une de ses amies proches, Pline l’Ancien lance une opération de sauvetage par la mer à laquelle son neveu refuse de participer. C’est au cours de cette tentative d’évacuation de la population dans la baie de Naples que Pline l’Ancien trouve la mort, probablement asphyxié par un nuage de gaz et de cendres.
Trente ans après les faits, Pline le Jeune, devenu un sénateur et avocat célèbre, à la demande de son ami l’historien Tacite, raconte en détail les événements auxquels il a assisté à l’époque, livrant un témoignage sans pareil de la catastrophe, mais aussi un vibrant éloge de son oncle.
Des cités ensevelies : Pompéi et Herculanum
On estime à environ 3 000 le nombre de citoyens morts sous les nuées ardentes du Vésuve. La cité d’Herculanum est la première à être frappée de plein fouet par la première nuée, la population tente de fuir par la mer et se réfugie sur la plage, mais meurt presque instantanément, ébouillantée par un nuage de plus de 400°C. La ville disparaît bientôt sous 10 m de boue. L’éruption se poursuit toute la nuit suivante, avec une très faible accalmie, puis de nouveaux séismes très violents à l’aube du 2e jour. Une troisième nuée achève de dévaster ensuite la ville de Pompéi en arrachant et brûlant tout sur son passage. À la fin de l’éruption, Herculanum se retrouve ensevelie sous 25 m de magma, Pompéi sous 10 m de cendre et de magma.
Info bonus : l’éruption du Vésuve a été nommée éruption « plinienne » en référence à Pline le Jeune qui fut le premier à la décrire…
Extrait de Lettre à Tacite, Pline le Jeune : « Ici, on levait les mains au ciel ; là, on se persuadait qu’il n’y avait plus de dieux, et que cette nuit était la dernière, l’éternelle nuit qui devait ensevelir le monde. »