Les sciences, qui pourtant ne cessent de se réformer – ne parle-t-on d'ailleurs pas de « révolution scientifique » ? – auraient pour privilège la rigueur et la pérennité de leurs propositions. Le théorème de Pythagore, assurément, ne se périme pas. Cette apparente inéluctabilité des résultats scientifiques, la possibilité de les formuler en lois qui expliquent et permettent de prédire les phénomènes sont autant de traits qui confèrent à la connaissance scientifique un prestige dont les autres savoirs ne peuvent se targuer.
À tel point que la tentation est forte de réserver le terme même de « connaissances » aux seules sciences, et plus encore aux seules sciences de la nature. Le reste ne serait qu'élucubrations douteuses, improbables ou, dans le meilleur des cas, approximations imparfaites.
Pourtant, procéder ainsi, n'est-ce pas délaisser une part immense des savoirs humains ? N'est-ce pas, plus fondamentalement, adopter une conception restrictive de la rationalité, qui marginalise un ensemble pourtant structuré de savoirs et de connaissances ?
Épistémologie générale
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Définir la connaissance
« L'opinion », écrit Kant dans la Critique de la Raison pure, est « une créance qui a conscience d'être insuffisante ». Si je crois que X, je peux avoir de bonnes raisons de le croire, certes, mais cela n'en reste pas moins une opinion, car au moment même où je le crois, je sais que mes raisons de le croire sont insuffisantes pour fonder une certitude. Opinion n'est donc pas connaissance.
De même, quand nous entretenons une croyance, quelle que soit sa nature, nous savons qu'elle n'est que croyance : qu'il y ait une « vie » ou non après la mort relève, du moins jusqu'à nouvel ordre, de la croyance ; mais là encore, quelle que soit ma croyance, elle n'est pas connaissance, et j'en ai conscience, je le sais. Croyance n'est donc pas connaissance.
Si l'on peut dire, et même s'accorder assez facilement, sur ce que la connaissance n'est pas, il semble délicat, en revanche, de la qualifier positivement, de dire ce qu'elle est. Tout ce que l'on semble pouvoir dire d'elle – à l'instar de Socrate qui affirme que tout ce qu'il sait, c'est qu'il ne sait rien – c'est qu'on sait ce qu'elle n'est pas. Mais ce savoir, précisément, n'est-il pas déjà le seuil de la connaissance ?