L’art produit des objets sensibles qui ont, pour la plupart, la propriété de renvoyer à d'autres objets. On parle alors d’images : d’objets doubles dont une partie matérielle renvoie à une partie absente qui lui ressemble.

On peut alors considérer que l’art imite le réel : produit une image qui lui est la plus ressemblante possible.

Dans le Phèdre, Socrate déclare :

Car, à mon avis, ce qu’il y a de terrible, Phèdre, c’est la ressemblance qu’entretient l’écriture avec la peinture. De fait, les êtres qu’engendre la peinture se tiennent debout comme s’ils étaient vivants ; mais qu’on les interroge, ils restent figés dans une pose solennelle et gardent le silence.

Les peintures par leur ressemblance :

  • créent un effet de vie : elles donnent l’illusion de la présence même des objets qu’elles imitent ;
  • restent cependant différentes et distinctes de ce qu’elles imitent.


Platon entreprend de critiquer cette technique qui produit des illusions à l’aide de simulacres et trompent les spectateurs en s’appuyant sur leur ignorance ou leur sensibilité trompeuse (Sophiste, République – livre X).

À côté de cette critique morale et politique, il propose une critique ontologique des arts imitatifs. Le peintre n’imite pas une idée, comme l’artisan qui construit un lit à partir de l’idée de lit ; il n’imite qu’une chose sensible dont il donne un aspect fragmentaire : il produit une ombre, comme dans un rêve. L’image d’une image d’une image (puisque les choses sensibles sont elles-mêmes images des réalités intelligibles, cf. fin de République, Livre VI).

Platon valorise cependant les arts qui « suivent la trace de l’idée de Beau » et cherchent à exprimer l’harmonie (République, livre III ; Lois, livre II) : en imitant ce qui est harmonieux, ils peuvent participer à l’éducation à la vertu.

À la différence de Platon, Plotin (Traité 30) insiste sur le fait que les artistes n’imitent pas nécessairement ce qui est sensible : ils peuvent aussi imiter l’idée de ce qu’il représente et suivre l’idée de beau. Ils impriment ainsi, dans la matière, une forme qui l’élève et nous indique la présence de réalité intelligible :

Et si quelqu’un méprise les arts sous prétexte que c’est en imitant la nature qu’ils produisent [...] ensuite il faut qu’il sache que les arts ne se bornent pas à imiter ce qu’on voit, mais qu’ils sont à la poursuite des raisons dont est faite la nature. Ajoutons encore que les arts produisent beaucoup de choses par eux-mêmes et que, possédant la beauté, ils suppléent le défaut des choses. Car, ce n’est pas pour avoir contemplé quelque chose de sensible que Phidias a sculpté son Zeus, mais parce qu’il l’a saisi tel qu’il serait s’il consentait à paraître à nos regards.

Suivant ces deux options, l’imitation de la nature n’a pas toujours eu le même sens : si elle a parfois été comprise comme imitation des réalités sensibles, elle a souvent (de la Renaissance au XIXe siècle) été conçue comme une recherche de l’idéal qui suit moins les apparences sensibles que la structure harmonieuse de cette nature.