La finalité du droit est de régler les relations entre les hommes par un arbitrage impartial, qui s’applique équitablement à tous. Puisqu’il a comme but de rectifier une situation imparfaite, le droit se distingue nécessairement du fait : il relève d’une norme qui doit ou devrait être, et non d’un fait qui est. Le droit n’est pas établi par une description neutre de ce qui est, mais proclamé, il est une injonction. La question se pose alors de savoir ce qui rend légitime le droit.
1° Comme Rousseau le montre (Contrat social, I, 3), la force ne peut être le fondement du droit : car il suffirait alors d’être le plus fort pour avoir le droit de désobéir au droit, ce qui est absurde.
2° Le droit positif, celui qui est institué dans un État particulier, est lui-même souvent imparfait, car produit de conditions historiques particulières.
3° On distingue donc du droit positif un droit naturel, qui est censé le rectifier. Le droit n’est pas naturel parce qu’il s’impose naturellement (au contraire, il est rarement suivi dans les faits), mais parce qu’il peut être déduit rationnellement de la nature humaine.
Selon Hobbes, le droit naturel est découvert à travers la fiction de l’État de nature. Celui-ci montre, par l’expérience de la crainte de la mort violente, que tout homme a également le droit à la légitime défense, le droit naturel « est la liberté qu’a chacun d’user comme il le veut de son pouvoir propre, pour la préservation de sa propre nature, autrement dit de sa propre vie, et en conséquence de faire tout ce qu’il considérera, selon son jugement et sa raison propres, comme le moyen le mieux adapté à cette fin » (Léviathan, ch. XIV).
Dans l’État de nature, les moyens employés sont irrationnels et mènent à un état de défiance permanente. La raison dit au contraire que le meilleur moyen de préserver sa vie est de garantir la paix (première loi naturelle). De la recherche de la paix, Hobbes déduit les principales lois naturelles, qui devraient fonder les lois positives : la nécessité d’un contrat par lequel les hommes acceptent mutuellement d’abandonner une partie de leur droit naturel (notamment celui d’agresser pour augmenter sa puissance), et la nécessité de respecter les contrats (2e et 3e lois naturelles). La 11e loi définit enfin l’équité, selon laquelle il ne peut être équitable d’échanger sans que cet échange soit voulu par les deux partis, de rompre sa promesse si l’autre parti ne l’a pas fait, ou d’attendre d’autrui qu’il promette de ne pas se défendre.