L’État de nature est, sauf exception, une fiction destinée à rappeler la valeur et la nécessité d’un État et de la civilisation : il désigne l’État dans lequel vivrait l’homme si l’on ne tient compte que de ses pouvoirs naturels, abstraction faite donc de tout ce qui caractérise la civilisation (police, justice, échanges durables, propriété privée stable…).

On peut distinguer deux approches :

  • La première, celle de Hobbes, prend les hommes tels qu’ils sont dans l’État civil, mais sans les institutions qui accompagnent cet État. Ainsi, dans l’état de nature, les hommes ont bien des rapports sociaux, mais ils sont conflictuels. L’homme désire avant tout acquérir du pouvoir, c’est-à-dire les moyens d’assouvir son désir futur ; ce désir de pouvoir implique à la fois d’entrer en relation avec autrui (pour être reconnu, estimé) et de chercher à s’en servir (par la force ou par la ruse). Cette conflictualité produit un état de crainte permanente, où la guerre est toujours possible. Le pacte social vise à concentrer cette crainte dans l’État civil afin d’établir la paix.
  • La seconde, celle de Rousseau, cherche à retrouver l’homme naturel sous l’homme civilisé. La civilisation corrompt l’homme et l’homme naturel ne dispose pas des mêmes facultés que l’homme civilisé : sa perfectibilité (capacité à développer ses capacités) n’est encore qu’en puissance et non en acte ; l’homme, vivant de manière dispersée, n’a pas l’occasion de développer ses aptitudes (techniques, linguistiques, sociales). Ce sont certains événements géologiques et démographiques qui ont poussé les hommes à se regrouper et à se comparer, ce qui a engendré les premières formes d’inégalités sociales. Un véritable contrat social, fondé sur la volonté générale, doit pallier ces inégalités.