Il y a problème politique lorsqu’au sein d’une pluralité d’individus, se manifeste une distinction entre :

  1. Le privé et le public ;
  2. Celui qui commande et celui qui obéit ;
  3. L’ami et l’étranger (J. Freund, L’Essence du politique).

La distinction (2) interroge les rapports entre liberté et servitude : comment ménager un rapport politique d’obéissance sans que cela implique une dissolution de la liberté des individus ?

  1. Question de l’origine de la servitude : comment se fait-il que l’homme, voué à la liberté, se laisse aller à la servitude ?

Cf. La Boétie, Discours sur la servitude volontaire (1576). Situation paradoxale où le pouvoir du tyran vient du consentement des serviteurs à ce pouvoir :

« C’est le peuple qui s’asservit, qui se coupe la gorge, qui ayant le chois d’estre subjet ou d’estre libre, quitte sa franchise et prend le joug, qui consent à son mal ou plustot le pourchasse. »

Pourquoi ?

  1. À cause de l’accoutumance, qui fait que nous oublions notre liberté naturelle à force de servir ;
  2. Parce que certains (« les tyranneaux », collaborateurs du tyran) ont intérêt à servir un pouvoir, dont ils participent : « Il se treuve quasi aultans de gens, ausquelz la tyrannie semble profitable comme de ceux à qui la liberté seroit agréable ». Ils servent pour dominer à leur manière.

On peut alors distinguer deux types de contraintes :

  • une contrainte extérieure, imposée par la force, illégitime ou légitime (police, justice, etc.) ;
  • une contrainte interne, ou autocontrainte, par laquelle le sujet intériorise les normes sociales ou juridiques (Nietzsche, Généalogie de la morale, II, 16) ou est dépossédé des moyens d’accomplir sa liberté (l’aliénation, Marx, Manuscrit de 1844).

La question de la liberté ne concerne pas seulement le rapport État/sujet, mais l’ensemble des relations sociales de pouvoir.
Cf. Foucault, Volonté de savoir (1976) : « Par pouvoir, […] il faut comprendre d’abord la multiplicité des rapports de force qui sont immanents au domaine où ils s’exercent. » Demande une analyse des différentes institutions (judiciaires, normalisation sociale, hôpital, psychiatrie…) qui investissent et modifient les rapports de force.