Philosophie des sciences sociales et humaines

L'induction est un mode de raisonnement qui, partant du particulier, remonte vers le général. Il s'agit de commencer par des cas concrets, pour ensuite en abstraire une ou des lois générales et tâcher de les transposer à tous les cas similaires.
En sociologie, si je sais que tel individu possède telle et telle caractéristiques sociales, et que la plupart des individus de même sexe, de même âge, de même revenu et de même culture familiale possèdent aussi ces caractéristiques, je peux en induire une généralité convaincante transposable sans dommage à tous les individus de même type.
Établir une vérité, ici, revient à formuler une présomption, ou une très forte probabilité. Certes, le degré de certitude est moindre que dans une démonstration, puisque la démonstration se fonde sur une nécessité logique, alors que l'induction se fonde sur des données contingentes.
Toutefois, l'on peut soupçonner que ce recours à l'induction est bien fréquent que l'accès à une démonstration. Le plus souvent, nous nous contentons d'inductions et il est très rare que nous possédions véritablement une démonstration de ce que nous pensons savoir.

Le travail de l'historien consisterait, selon Paul Veyne dans Comment on Écrit l’Histoire, en 1971, à multiplier les récits de l'événement dans des perspectives différentes et croisées afin, par recoupement, de faire surgir peu à peu ce qui serait le plus vraisemblable. Il convient de s'arrêter sur ce terme : « vraisemblable », littéralement, désigne à la fois - et de façon ambiguë - ce qui ressemble à la vérité, et ce qui s'approche de la vérité.
Or, ce qui ressemble à la vérité est parfois très éloigné de la vérité elle-même. P. Veyne en tire la conclusion que, s'il existe bien d'autres moyens d'établir une vérité que la démonstration, ces moyens ne sont ni plus ni moins fiables que la démonstration elle-même : la démonstration serait trop partielle pour être efficace ; l'induction trop précaire pour être pérenne ; l'intuition trop subjective pour garantir nos connaissances, et l'interprétation trop arbitraire pour établir une vérité partagée par tous. Pourtant, l’écriture de l’histoire n’est pas un acte arbitraire, ni irrationnel. Pourquoi ?