La question de l’amour est une question qui traverse l’histoire de Rome et les sociétés antiques dans leur ensemble : les récits mythologiques débordent d’exemples d’amours interdites entre Dieux et mortels et d’amours légitimes. La question a même été abordée dans le dialogue de Platon intitulé Le Banquet où Socrate tente de donner une définition de celui-ci, et il abordera une nouvelle fois ce thème dans Phèdre. À Rome, cette question revêt aussi une grande importance d’autant qu’il faut rappeler que la fondation même de la ville trouve sa source dans les amours interdites du dieu mars et de la vestale Rhéa Silvia donnant naissance aux jumeaux Romulus et Rémus ; en arrière-plan les amours de Vénus et d’Anchise, parents d’Énée ainsi que la passion de ce dernier pour Didon résonnent comme un lointain écho. Outre cela, certains clichés hérités des fresques érotiques de Pompéi ainsi que certains objets phalliques livrent une image erronée de la vision de l’amour à Rome qu’il importe de nuancer.

Rappelons donc qu’à Rome toutes formes d’amour, des plus grossières au plus raffinées sont présentes et tolérées sous certaines conditions de discrétion élémentaire. La surexposition n’est pas appréciée. Outre ses origines sulfureuses la sexualité fait partie intégrante de la société : de nombreux rituels magiques et religieux la favorisent ainsi que la fécondité. Des fêtes comme les Lupercales, les Floralies ou la vénération des phallus participent de cette mentalité. La prostitution est par ailleurs chose normale, acquise comme le montrent les lupanars de Pompéi ainsi que leurs peintures et graffitis érotiques. Enfin, à côté de la furor passionnée et destructrice et de la recherche du plaisir cohabite l’amor conjugalis comme valeur essentielle. Cette tension se retrouve ainsi dans la place de l’amour et des amours dans la littérature : le dramaturge Plaute dans ses comédies met souvent en scènes des proxénètes et jeunes prostituées, Catulle à la fin de la République explore dans ses poèmes de nouvelles pratiques érotiques, et Ovide dans L’Art d’aimerLes Amours et Les Métamorphoses présente une gamme de pratiques amoureuses érotiques et sexuelles qui lui valent son exil par Auguste, tant il met l’accent sur certaines scènes de viol dans la mythologie. On notera dans son œuvre la diversité des vers employés, distiques élégiaques et hexamètre dactylique propre à l’épopée pour Les Métamorphoses. Face à cela, Caton l’ancien, moraliste, plaide pour une vision plus idéale et plus morale. Enfin Cicéron dans son traité de L’Amitié, pense la relation amicale et introduit la notion d’amour d’amitié. L’amour, les amours sont donc un motif récurrent de la littérature latine grâce à la poésie élégiaque, ou aux traités de morale.

Enfin, outre l’histoire et la littérature, l’amour est aussi un instrument de pouvoir pour les hommes comme César ou Pompée mais aussi pour des femmes influentes comme Messaline ou Agrippine. C’est aussi là l’étrange proximité qu’il peut exister entre l’époque antique et notre époque contemporaine et la transversalité des questions posées par la vision antique de l’amour et par les mythes.