Les conditions et modalités de présentation (d'exposition) d'une œuvre dépendent des éléments constitutifs de l'œuvre. Un retable en polyptyque monumental comme celui d'Issenheim (à Colmar, en Alsace) de Matthias Grünewald ne sera pas présenté au public avec le même dispositif que les toiles libres de Claude Viallat. Idem sculpture : la sculpture monumentale de plus de 5 m de haut (avec le socle) du David de Michel-Ange suppose un espace d'exposition bien différent de la sculpture en plâtre de Jean Arp de 18 cm de haut intitulée Miroir polyvalent.

Les artistes ont peu à peu intégré à leur processus de création les dispositifs de présentation. La corde de marin qui sert de cadre au tableau de Pablo Picasso, Nature Morte à la chaise cannée (1912) prolonge son questionnement sur la présence du réel et sa confrontation à la représentation. Auguste Rodin est entré dans la modernité en sculpture car il a renouvelé le rôle du socle : il n'est plus seulement un élément pour mettre en valeur la sculpture, il est devenu une partie intégrante de celle-ci (comme La Pensée) ou a même quasiment disparu comme dans ses Bourgeois de Calais. Elève de Rodin, Constantin Brancusi proposera une réelle confusion entre socle et sculpture comme pour son Coq (au Centre Pompidou Paris) ou son Poisson (à la Tate).

Les œuvres éphémères comme la Structure qui mange de Giovanni Anselmo (1968) posent la question de leur conservation et de la trace de leur existence dans le dispositif d'exposition. Beaucoup d'œuvres de Christo et Jeanne - Claude sont connues grâce aux multiples traces antérieures au projet (croquis préparatoires, planches de projet) ou mémorielles (photographies), une fois en place pour un temps donné. 

Les dispositifs de présentation sont parfois des éléments constitutifs des installations ou environnements multimédias comme Opposing Mirrors and Video Monitors on Time Delay de Dan Graham (1974). Les artistes deviennent à la fois créateurs, metteurs en scène ou scénographes.