La monstration de l'œuvre désigne tous les éléments participant à son mode d'exposition : la prise en compte du lieu, du contexte, des divers systèmes d'accrochage ou positions, du public.
Le terme « atelier » désigne, en français, l’espace de travail où œuvrent un ou plusieurs artistes ou artisans. Au Moyen Âge, il n'y a pas de distinction entre art et artisanat : les ateliers sont situés dans les monastères, dans les demeures des mécènes de la cour ou se confondent avec le domicile ou avec la boutique d’artisan en ville. Avec le développement du marché de l'art aux XVIIème et XVIIIème siècles, l’atelier élargit ses fonctions : lieu de production doté de règles d’organisation du travail sous la supervision du maître, mais aussi lieu de formation d’élèves qui ne sont pas simplement des assistants et très vite, lieu d’exposition et de vente. Le modèle de l’atelier-entreprise perdure pour la sculpture au XIXème siècle mais pas pour la peinture. En 1900, Auguste Rodin organise sa première grande rétrospective personnelle (on parlerait aujourd’hui d’exposition monographique) à Paris, dans son atelier, au Pavillon de l’Alma à Meudon, en marge de l’Exposition universelle.
Les lieux de monstration de la peinture diffèrent de ceux de la sculpture pour des raisons évidente de place et de poids des oeuvres. La peinture de chevalet offre cet avantage : facilement transportable, ses lieux d'exposition sont plus variés. Ainsi des œuvres picturales conçues pour des églises ou château se retrouvent, pour éviter leur destruction, au Muséum central des arts de la République, créé en 1793, dans le palais du Louvre dès la période révolutionnaire.
Ces déplacements ne sont pas sans conséquence pour la perception des oeuvres. En effet, le tableau Les Noces de Cana commandé en 1562 à Véronèse pour le réfectoire du monastère San Giorgio Maggiore, situé à Venise devait être « de même largeur et de même hauteur que le mur de face, l’occupant tout entier. » Aujourd'hui, cette oeuvre est exposée au Louvre dans le Salon carré. Ainsi, son contexte d'exposition et son rapport proportionnel au mur sur lequel il est accroché ne sont plus ceux d'origine, ceux qui ont guidé sa production. Bien que cette appellation n'existe pas à l'époque, ce tableau était créé in situ, c'est-à-dire pour un lieu précis avec lequel il entrait en corrélation.
Des œuvres in situ aujourd'hui sont créées pour des lieux précis et y demeurent exposées. Par exemple, Les Deux Plateaux de Daniel Buren, installation pour et dans la cour du Palais Royal à Paris, bien qu'ayant fait scandale à l'époque de sa réalisation (1986) est restée en place. Sans sa confrontation directe avec l’architecture du Palais-Royal, ses colonnes rayées n'auraient plus le même sens.