La découverte du nouveau monde est au XVIe siècle l’occasion d’une profonde modification des représentations du monde. Elle nourrit les descriptions curieuses d’explorateurs comme Jean de Léry. Mais elle subit aussi les critiques de ceux qui soulignent les abus des colons (Bartolomé de Las Casas, Giordano Bruno).
Montaigne s’inspire des récits de Jean de Léry pour remettre en cause le partage entre des nations barbares et des nations civilisées : « Nous les pouvons donc bien appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à nous, qui les surpassons en toute sorte de barbarie. »
Cette critique de l’idée même de civilisation est prolongée au XVIIIème siècle chez de nombreux écrivains. Diderot, donnant la parole à un chef tahitien, oppose le bonheur de peuples « innocents » aux malheurs de la civilisation européenne. La rencontre de l’autre permet un décentrement qui interroge les coutumes et les croyances des européens : elles ne sont ni universelles, ni peut-être les meilleures.