Les rapports entre l’homme et l’animal sont au cœur des réflexions philosophiques de la Renaissance aux Lumières. Cependant, la question reste de savoir si c’est l’animal qui intéresse les penseurs ou l’homme : la réflexion sur l’animal est souvent un moyen pour savoir, en négatif, ce qu’est l’homme.
Dans son Discours sur la dignité humaine, Pic de la Mirandole écrit que l’homme, contrairement aux animaux qui suivent des lois déterminées, est libre : il peut se déterminer lui-même à devenir ce qu’il choisit. Cette liberté n’est-elle pas un privilège excessif de l’homme ?
Montaigne, dans l’Apologie de Raymond Sebond, souligne les nombreuses analogies qui existent entre les hommes et les animaux : comme les premiers, ces derniers semblent être doués de raison puisqu’ils savent prévoir l’avenir et tirer des conséquences de leur expérience. Sous certains points de vue, l’homme est même inférieur à l’animal : il est plus disposé au malheur et à l’erreur.
Plus tard, le philosophe écossais David Hume ne verra aucune différence entre la « raison des animaux » et la raison humaine : elles sont toutes deux fondées sur l’habitude et la croyance, la tendance à s’attendre à un événement futur à partir des expériences passées.
Pour Condillac, c’est bien cette capacité à acquérir des habitudes, et à s’en servir pour se diriger dans la vie, qui fournissent des « connaissances » aux animaux ; pour lui, l’instinct n’existe pas. Mais Condillac refuse de spéculer sur la nature des animaux : il se contente de relever les analogies entre le fonctionnement de leur esprit et celui des hommes, et souligne que les hommes se distinguent avant tout par la complexité de leur langage, l’idée de Dieu et les idées morales.