La cité telle que nous la connaissons apparaît en Grèce antique : c’est une communauté de citoyens libres et autonomes. Dans la pensée grecque, la cité préexiste à l’homme : elle n’existe pas en tant que telle, elle est le corps constitué des citoyens. Athènes est ainsi la cité des athéniens. La cité est donc selon Aristote, un groupe (koinonia) réuni par un choix (proairésis) de vie commune, renforcé par une même histoire, un même passé mythique et des héros et hommes illustres. C’est donc une donnée sociale, politique (état souverain doté de lois) et spatiale en cela qu’elle est déterminée par un espace géographique, un territoire historique et sacré. Platon dans La République et Aristote dans La Politique ont théorisé tant son existence que le meilleur régime possible pour l’administration de celle-ci. Il est important de bien connaitre ces deux classements des constitutions et régimes politiques.

La singularité de la cité romaine prend ses sources dans cette conception. Sa fondation mythique récente (753 avant J.-C.) nous la rend plus accessible. Il est nécessaire de rappeler que d’après Virgile, sa fondation est prévue dans les destins et dévoilée par Jupiter à sa fille Vénus inquiète de l’avenir d’Énée son fils. Sont ainsi dévoilés dans le Chant 1, par Jupiter, la fondation d’Albes, Romulus et Rémus, César et le règne d’Auguste pourvoyeur de paix, ainsi que les ennemis jurés de Rome, Carthage et Hannibal au chant 4.

Sur le plan urbain, la cité est fondée sur un découpage axial selon le decumanus (axe est-ouest) et le cardo (nord-sud). Cet axe majeur est orienté selon la course du soleil ce qui montre l’aspect sacré de la ville. Autour de celui-ci, en damier et suivant de manière réduite le même plan la ville se construit en quartier où se répartissent les habitants selon leur rang social. Ce découpage en quartier s’inspire du bornage étrusque ancien et trouve son origine au fondement même de l’Urbs. A la croisée des deux axes principaux se trouve le forum, cœur historique, public et politique de la cité. Ce schéma sera celui adopté pour toute fondation de ville dans les provinces de l’empire montrant le rapport matriciel entre Rome et ses colonies.