La parole occupe une place essentielle dans la tragédie qui naît en Grèce au –VIe siècle, et connaît une période d’apogée au –V$^e$ siècle (Eschyle, Sophocle, Euripide). 

Les tragédies sont représentées annuellement lors des fêtes en l’honneur de Dionysos, qui voient s’affronter trois poètes tragiques lors d’un concours. La tragédie, spectacle offert à tous, même aux plus pauvres, s’inscrit ainsi dans l’univers politique de la cité. Une tragédie grecque est divisée en deux ordres de discours distincts : d’un côté, les personnages sur la scène s’expriment sous une forme proche du langage parlé, alors que le chœur est constitué par des citoyens, placés dans l’orchestra, et s’exprimant dans une langue poétique et presque chantée. Ce chœur commente l’action et peut renforcer le pathétique, comme lorsqu’il prend parti pour Médée dans la pièce d’Euripide. 

La tragédie partage avec la rhétorique le goût pour les joutes verbales (agôn, en grec, par exemple le dialogue d’Antigone et de Créon). Elle montre l’autorité performative de la parole politique (comme celle de Créon), mais aussi l’impuissance de la parole humaine, qui se résout dans une plainte inutile face au destin inexorable, ou introduit l’incompréhension et l’erreur (Œdipe face au devin Tirésias).