La Peau de chagrin

   La Peau de chagrin ne se laisse pas enfermer dans un genre unique ni dans une ambition unique. S’inscrivant dans les Études philosophiques, elle peut être considérée comme un roman proposant une réflexion sur l’existence, sur le désir qui tue, mais aussi comme une œuvre fantastique avec l’irruption du surnaturel et de l’inexplicable.

   À travers le personnage de Raphaël, Balzac relance également le mythe de Faust, cet homme éternellement insatisfait prêt à vendre son âme en quête d’une éternelle jeunesse. En outre, la société qui est brossée dans le roman apparaît réaliste jusque dans la galerie de portraits proposés et dans les descriptions du Paris de 1830. Enfin, Raphaël rappelle à plus d’un titre les destinées du héros romantique, tourmenté, mais aussi passionné, incapable de trouver sa place dans une société dont il ne comprend pas les rouages.

   Personnage principal du roman, Raphaël accuse 26 ans quand débute le roman et meurt une année plus tard, en 1831. En acceptant la peau de l’antiquaire, il se condamne à l’impuissance alors qu’il peut tout. Profondément paradoxal, il meurt en héros romantique.

   La comtesse Foedora est une intrigante, une énigme. Elle est « la plus belle femme de Paris » et gravitent autour d’elle les hommes d’affaires et les grands noms de la capitale. Elle est séduisante, à l’aise en société, mais ne laisse rien filtrer ni de ses amours ni de son mode de vie. Elle demandera l’aide de Raphaël, mais restera pour le héros l’incarnation d’une époque profondément matérialiste.

   Pauline, au contraire, constitue la figure même de l’amante passionnée qui voit en le héros son seul amour, prête à mourir pour que Raphaël lui survive. Elle aura ce chant désespéré : « Je suis à toi ! Oui, mon cœur est tout amour ! »

   Ce roman, au même titre que plusieurs autres de La Comédie humaine comme Le Lys dans la vallée ou Le Père Goriot pour ne citer qu’eux, connaît dès sa sortie en 1831 un succès considérable. Intégré à la section Études philosophiques, l’un des trois grands ensembles de l’œuvre de Balzac, il relate sous la forme d’un long conte, l’histoire de Raphaël de Valentin, un joueur invétéré, qui, au bord du suicide, entre par hasard dans la boutique d’un antiquaire.

   Celui-ci lui propose l’acquisition d’une « peau de chagrin » dont le pouvoir est d’exaucer tous les vœux de son propriétaire. Cependant, à chaque désir réalisé, rétrécira la peau jusqu’à fondre complètement, emportant la propre vie du héros en son sein.

   Malgré les mises en garde de l’antiquaire, le héros accepte le malin pacte et mène dès lors grand train, ne refusant rien à ses envies d’enrichissement et de gloire. Mais la peau rétrécit à vue d’œil et Raphaël se languit d’une maladie dont nul ne connaît le remède.

   Conscient de sa mort imminente, il s’isole afin d’éviter tout désir. Mais l’ultime, celui de rester vivant, lui est fatal.