Le jeu de l’acteur

Fondé à New York en 1947, par Lee Strasberg, et librement inspiré par les enseignements de Stanislavski. Ce n’est pas une école mais un lieu où les comédiens peuvent expérimenter librement et progressivement aux côtés de metteurs en scène et de dramaturges. 

Le travail de Strasberg se fonde sur un jeu psychologique et sur une esthétique réaliste, dans le but de promouvoir un jeu vivant, organique. Evacuer du plateau les faux-semblants et les artifices, retrouver en quelque sorte une vérité du personnage, une vie réelle et moins imitative. Ce « revivre » utilisera les modalités expressives de l’acteur pour les provoquer et les traduire. 

C’est un jeu qui met en tension l’intériorité des comédiens et leur expressivité, tout en s’attachant à trouver des actions physiques, autant donc internes qu’externes. Par conséquent, il ne s’agit pas seulement de simples mouvements scéniques mais de la création organique et vraisemblable d’un personnage.

Ouvrage, et notion, majeur de l’histoire du théâtre contemporain, cette crise a été conceptualisée par Robert Abirached. Si le personnage n’a pas toujours été une donnée stable, au XX$^e$ siècle, et sous l’essor du cinéma mais aussi de la méthode de l’acteur, et ses caractérisations, la dramaturgie et ses modèles vont l’y intégrer.

Or, progressivement, l’écriture dramatique, mais aussi les innovations scéniques et performatives vont se jouer de cette notion dans sa dimension d’immobilité. 

Comme dans l’art contemporain, c’est un parcours qui va de la figuration à la défiguration sur la scène occidentale. Le personnage, dans le drame bourgeois, est une entité stable, aux contours précis, qui permet de mettre en jeu clairement des conflits. Mais déjà au XIX$^e$ siècle, Georg Büchner — par exemple — va amorcer le principe de déconstruction et d’instabilité de cette forme dramatique. Cette défiguration trouvera un point culminant dans les figures beckettiennes qui ne sont que rythmes et entités mouvantes prises dans des matériaux invisibles.