L’écriture joue un rôle de plus en plus important dans la cité grecque : elle donne sa publicité et son autorité aux lois gravées et disposées au centre de l’espace public. Cependant, les textes littéraires et philosophiques sont rarement lus en silence ; ce genre de lecture n’apparaît que bien plus tard. C’est dans un contexte oral que se développe l’art de la parole, dans lesquels les discours sont écrits pour être prononcés.
Les œuvres poétiques sont lues à haute voix, et récitées, parfois accompagnées de musique ; les rythmes jouent un rôle décisif. Platon, dans le Phèdre, souligne que l’écrit qui aide la mémorisation ne saurait se substituer à l’oralité. Le dialogue suppose que l’interlocuteur puisse lui répondre, l’écriture, comme la peinture, interrompt cet échange et fige la vitalité de la pensée, « dialogue de l’âme avec elle-même ».
Mais la lecture en silence (in silentio) prend de plus en plus d’importance au fur et à mesure des siècles, même si la lecture à voix haute reste prépondérante jusqu’au Moyen Âge.
À la fin de l’Antiquité tardive, puis au Moyen Âge, les textes sont accompagnés d’importants commentaires et de glose, et la lecture de l’écrit est vue comme une rencontre avec un auteur, auquel il faut se mesurer. Saint-Augustin, dans ses Confessions, décrit avec étonnement Saint Ambroise lisant sans parler, comme s’il réfléchissait sur lui-même.