Les enjeux artistiques sont sans cesse renouvelés, remis en cause et réaffirmés : que représenter ? comment le représenter ? comment le donner à voir ? faut-il encore représenter pour créer ? L'étude des représentations du corps et de l'espace à travers l'histoire de l'art peut être éclairée par ces questionnements.
Les canons esthétiques de la sculpture antique de Polyclète, par exemple ont cherché à idéaliser le corps humain avec des proportions mesurables, tout comme à la Renaissance (L'Homme de Vitruve de Léonard de Vinci). L'utopie de la beauté idéale, en revanche, conduira Jean-Auguste-Dominique Ingres à déformer le corps de sa Grande Odalisque afin de le rendre plus harmonieux, plus sensuel, allant jusqu'à perdre toute réalité anatomique.
La représentation humaine est aussi déterminée par des points de vue philosophiques, culturels et politiques. Associée à l'image du pouvoir, le corps est magnifié, mis en scène comme pour Le portrait de Louis XIV en costume de sacre réalisé en 1701 par le peintre français Hyacinthe Rigaud ou pour cette Tête Commémorative de la Reine-Mère "Iyoba", sculpté au Bénin vers 1550 et exposée au Musée ethnologique de Berlin (Allemagne). Le corps est aussi le support des bouleversements sociétaux. Les Formes uniques dans la continuité de l'espace d'Umberto Boccioni de 1913 semblent encore suggérer un personnage en marche mais c'est bien la représentation du mouvement qui est visée. Plus tard le corps ne sera plus représenté mais présenté et en action (Art corporel et Performance).
La représentation de l'espace offre une dialectique récurrente entre espace littéral (celui du support) et espace suggéré (qui est représenté sur le support). Jusqu'au Cubisme, l'espace suggéré est contenu sur l'espace littéral. Mais ensuite, les artistes vont s'émanciper de ce support littéral et s'enrichir d'autres codes de représentations culturels (estampes japonaises) ou venant d'autres domaines comme la cartographie, par exemple.