La mer Méditerranée et son bassin ont toujours été, depuis les limbes du monde antique, une aire particulière de conflits d’influences ou d’échanges. La mention première de cet espace remonte à l’Odyssée et aux mythes fondateurs tels celui du Minotaure ; le voyage d’Ulysse est une manière de dresser une cartographie du monde antique connu. Enfin, dans toute l’histoire grecque, nous remarquons les luttes formidables des cités entre elles pour obtenir la domination de telle ou telle sphère maritime et le maintien ou la fondation de leurs colonies respectives. La ligue de Délos est ainsi fondée à partir de 478 avant J.-C. pour défendre les cités grecques et les îles des rivages d’Asie mineure de la puissance Perse. La puissance grecque est avant tout navale et les possessions maritimes sont stratégiques et commerciales. Il est nécessaire de connaître certaines grandes dates de l’histoire grecque tant celle-ci irrigue l’histoire romaine et son rapport à la mer.
Comme cela semble prévisible Rome, pendant plusieurs siècles, n’est pas une puissance maritime et donc méditerranéenne. C’est avant tout une puissance terrestre. La première percée vers la mer s’effectue sous le règne d’Ancus Marcius en 640 avant J.-C. lors de la fondation du port d’Ostie à l’embouchure du Tibre, qui enclenche le début des échanges de biens et de marchandises entre Rome et les autres comptoirs maritimes. Son essor réel commencera sous la période républicaine. C’est surtout avec la conquête de la Campanie en raison de son développement économique et du sud de l’Italie ainsi que de la Sicile que Rome découvre l’importance d’avoir une influence forte sur la mer. Aussi la lutte pour les cités grecques implantées en Sicile, la maîtrise du détroit de Messine initie le siècle des trois Guerres Puniques qui opposeront Rome et Carthage par trois fois pour la domination de la Méditerranée et des voies commerciales et maritimes. La première se déroula entre 264 et 241 avant J.-C. et se termina par la victoire romaine des Iles Égates grâce à l’aide de la population campanienne plus habile sur mer, la seconde entre 218 et 201 se soldat par la défaite d’Hannibal à Zama mais aussi par un lourd tribut romain, et la dernière entre 149 et 146 vit le siège et la défaite ultime de Carthage. Durant cette même période du second siècle avant J.-C., l’invasion progressive de la Grèce par Rome, (sac de Corinthe en 146) et la répression définitive des cités comme Athènes et quelques autres en 88 par Sylla, instaurent sa définitive domination de sur le bassin méditerranéen.
Outre la dimension commerciale et politique du contrôle de la Méditerranée qui permit à Rome l’extension de ses frontières et de son territoire, les apports culturels sont immenses. Des villes comme Pompéi ou Herculanum sont des exemples de vie à la façon grecque et le raffinement des arts montrent l’importance de l’influence hellénistique voire proche orientale ; les classes lettrées et éduquées de la fin de la République et de l’Empire parlent grec et l’évolution est telle que des empereurs comme Hadrien afficheront leur affection pour l’Égypte, la Grèce et les rivages de l’Asie Mineure quitte à y restaurer des villes et des monuments matérialisant un épisode mythique attestant l’annexion par Rome de toute une civilisation. Par ces échanges et ces influences Rome s’agrégea des strates infinies pour forger sa richesse et innerver l’empire.