Le héros romanesque a longtemps été considéré comme un être débordant d’énergie, de créativité et dont la générosité à se transcender suscitait l’admiration des lecteurs. Mais avec le XIXe siècle, cette figure s’enrichit, se complexifie jusqu’à faire de cette force une faiblesse. Que penser de Raphaël qui, une fois la peau en sa possession, se retrouve à devoir mener une vie ascétique alors que le talisman lui promettait l’assouvissement de tous ses désirs ?

   Ces nouveaux héros, contemplatifs, voire apathiques, inaptes à créer quoi que ce soit, sont les reflets d’un monde vain dans lequel ils se débattent inutilement, surtout quand celui-ci est marqué par son matérialisme effréné. Que ce soit pour Moreau dans L’Éducation sentimentale ou Sorel dans Le Rouge et le Noir, le désir devient asservissement, voire destruction. Pour Georges Duroy, jeune journaliste arriviste et opportuniste, personnage central de Bel-Ami de Maupassant, la chute n’en est que plus rude et annonce des destinées bien plus sombres, celles des anti-héros du XXe siècle.