La poésie répond avant tout à un souci d’esthétisme. Elle embellit la monotonie, la laideur de l’existence et l’amertume des sentiments.
Le texte poétique se donne à voir et à entendre : les sons, les rythmes et les images portent le sens. Le poète doit inventer un verbe nouveau, plus évocateur par son rythme et sa musicalité. Le poète désire retranscrire la réalité, la renouveler et l’embellir par le choix des mots et des rythmes.
Pour Théophile de Banville (1823-1891), la poésie « doit charmer l’oreille, enchanter l’esprit, représenter les sons, imiter les couleurs, rendre les objets visibles et exciter en nous les mouvements qu’il lui plaît d’y produire ; aussi est-ce le seul art, complet, nécessaire, et qui contienne tous les arts ».
Pour Baudelaire, la poésie doit servir la beauté :
« Il m’a paru plaisant, et d’autant plus agréable que la tâche était difficile, d’extraire la beauté du Mal ».
Pour certains poètes, la poésie parvient à accéder à un idéal de beauté, au sublime grâce à l’éveil des sens.
Jean Cocteau (1889-1963) propose sa définition de la poésie :
« L’espace d’un éclair nous voyons un chien, un fiacre, une maison pour la première fois. Voilà le rôle de la poésie. Elle dévoile dans toute la force du terme. Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement. Mettez un lieu commun en place, nettoyez-le, frottez-le, éclairez-le de telle sorte qu’il frappe avec sa jeunesse et avec la même fraîcheur, le même jet qu’il avait à sa source, vous ferez acte de poète ».
Paul Valéry (1871-1945) dans Variété (1927), et plus particulièrement dans la partie intitulée « Théorie poétique et esthétique », présente l’art poétique comme un travail de recréation, par le langage, de l’émotion poétique. Il compare le poète à un chimiste et la poésie à l’élaboration du parfum d’une fleur.