Théâtre et dramaturgie

Notion très riche et centrale au théâtre et qui a connu une grande évolution sémantique. Initialement, elle était synonyme d’œuvre dramatique, mais la notion en tant que telle est née au XVIII$^e$ siècle avec l’œuvre de Lessing, La Dramaturgie de Hambourg, et marque l’avènement de la figure du dramaturge, conseiller artistique, qui élabore un texte spécifique pour une mise en scène précise dont les enjeux sont définis par le metteur en scène qui prend alors en charge la mutation de l’œuvre écrite en œuvre scénique. 

Le dramaturge est celui qui écrit des textes dramatiques, des drama au sens aristotélicien, un auteur dramatique. Depuis le XVIII$^e$ siècle, ce mot a pris un autre sens : il désigne une fonction qui n'est plus seulement d'écrire des pièces mais concerne quelqu'un qui va travailler avec un metteur en scène et son équipe pour mettre en œuvre autant l’interprétation d’un texte existant que sa mise en œuvre sur le plateau, ou encore rendre possibles les écritures de plateau.

Dans l’ensemble de son œuvre, Georg Büchner va rompre avec les canons dramaturgiques classiques des modèles (Shakespeare, Goethe), en démantelant le précepte de l’unité d’action dramatique en ce sens que les personnages sont des entités composites, non unifiées, et que par conséquent leurs faits et gestes peuvent se démultiplier à travers le prisme psychique, déstabilisant ainsi ou bien l’individu ou bien le groupe social, quel qu’il soit. Ils ne sont pas forcément cohérents dans leurs actions car leurs idées sont en prise avec le matérialisme, avec les forces de l’histoire qui les dominent. 

Les monologues intérieurs sont en vase clos et ne sont plus adressés à l’extérieur de leur propre source d’énonciation, du reste avec laquelle ils se confondent. L’engrenage des actions ne mène nulle part et ce sont les prémisses du néant qui se montrent aux personnages brucknériens dont l’émergence d’une conscience historique a fait voler en éclat l’identité. La succession de tableaux et/ou de fragments amorce une nouvelle poétique de la reconstitution subjective, à l’encontre d’une idée de l’art comme imitation parfaite du monde.