La vision du monde subit à la Renaissance et à l’époque moderne d’importantes mutations. La révolution scientifique substitue à l’espace polarisé du monde aristotélicien (dans lequel chaque chose se dirige vers son « lieu propre ») un espace homogène, dans une nature « écrite en langue mathématique » (Galilée) : la quantité se substitue à la qualité. Avant Galilée, Giordano Bruno, s’inspirant de Copernic, déclare l’univers infini : ce qui signifie : sans terme, sans repère fixe, composé d'une infinité de mondes (de planètes).

En même temps que cette conception objective de l’espace, s’affirme une prise en compte de la subjectivité. Chez Montaigne, cette prise en compte prend des colorations sceptiques : l’homme n’a pas de contact immédiat avec les choses, d’accès direct à la vérité, mais n’accède jamais qu’à ses propres créations (« nous n’avons pas de communication à l’être »). 

Chez Descartes, au contraire, le recours à la subjectivité permet d’assurer la vérité : je sais au moins une chose, quand je doute de tout, c’est que je pense. Se met en place ainsi une distinction que ne cesseront de discuter les auteurs modernes : celle entre la substance pensante et les choses corporelles.