Les sens du terme « monde » sont variés : pour une part, « monde » renvoie à l’idée d’univers et de cosmos ; pour une autre part, « monde » fait référence à l’humanité et à la société.
Du côté cosmologique, l’idée de monde exprime donc un système clos, dont les parties sont non seulement compatibles entre elles, mais cohérentes, voire ajustées. Le monde, sur ce versant physique et naturel, est traversé par une tension entre clôture et ouverture, statisme et dynamisme, systématicité et expansion infinie.
Du côté social, en revanche, la notion de monde pose le problème d’une circonscription nette de ce dont on parle : s’agit-il d’un « petit monde », celui des mondanités et de l’entre-soi mondain ? S’agit-il au contraire d’une humanité élargie qui comprend ses liens comme une appartenance commune et partagée, nous obligeant tous, à égalité ? En un mot, le monde est-il ici celui d’une singularité, voire d’une exception, ou d’une universalité en devenir ?
Ainsi, la variété sémantique du terme « monde » n’est pas anecdotique : s’y expriment des tensions conceptuelles délicates à résoudre.
Le monde, définitions et expressions
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Petit monde et grand monde
Le gotha, le gratin, le beau monde, le grand monde, le haut du pavé… ne sont pas le petit peuple. Il y a, dans ces expressions figées, toute une sociologie indirecte des relations de domination symbolique qui est exprimée. De sorte que le monde, entendu en son sens social, se présente par la violence qui le traverse : ce monde n’est pas immédiatement notre monde ; peut-être même est-il d’abord le monde des autres, le monde dont je ne suis pas, le monde à la marge duquel je me trouve sans qu’aucune insertion dans ce système clos ne me paraisse accessible.
Ainsi, la notion de monde s’avère un moyen de comprendre la stratification et les tensions qui traversent toute société : il n’y a pas un monde, mais des mondes, dont les soudures ne se laissent pas toujours voir, et même sont occultées par ceux qui y trouvent avantage.
En ce sens, nous sommes tous porteurs d’un monde, et étrangers au monde : porteurs de notre monde, délimité par ses possibilités linguistiques, économiques, affectives, issus d’une biographie qui nous est propre, et étrangers au monde, voire aux mondes, c’est-à-dire à ces configurations linguistiques, économiques, affectives, qui me sont incompréhensibles ou inaccessibles, et parfois me semblent insupportables. Il revient à une sociologie critique de dresser la carte de ces mondes en tension.