1) Application linéaire (A.L)
a) Comment montrer qu'une application est linéaire ?
- On utilise la définition : f:E→F est linéaire si ∀(x,y)∈E2, ∀λ∈K, f(λx+y)=λf(x)+f(y).
- On utilise le fait qu'une C.L ou la composées d'applications linéaires est encore linéaire.
Par exemple, si on sait que f et g sont linéaires alors : f−5g+f∘g est aussi linéaire.
- Si f n'envoie pas le vecteur nul de l'espace de départ sur le vecteur nul de l'espace d'arrivée alors f n'est pas linéaire.
b) Vocabulaire
- Un endomorphisme est une A.L de E dans E (le préfixe grec "endo" signifie à "l'intérieur de" ; on reste à l'intérieur de E).
- Un isomorphisme est une A.L de E dans F bijective.
- Un automorphisme est un endomorphisme bijectif.
2) Somme et somme directe
a) Définition
Soit E un K-ev. Soient F et G deux sev de E.
La somme de F et G est la partie de E définie par : F+G={x+y∣x∈F et y∈G}
z∈F+G⟺ il existe x∈F et y∈G tel que z=x+y.
b) Somme directe
La somme précédente est dite directe si par définition la décomposition de tous les vecteurs z=x+y dans F+G est UNIQUE. Elle se note F⊕G.
Remarque : la notation F⊕G désigne la même chose que F+G mais elle apporte l'information supplémentaire que la somme est directe.
Théorème :
- F+G est un sev de E
- F et G sont en somme directe si et seulement si F∩G={0E}.
c) Sous-espaces vectoriels supplémentaires :
Définition :
Soient F et G deux sev d'un K-ev E.
F et G sont supplémentaires dans E si E=F⊕G.
Autrement dit: F et G sont supplémentaires si
- F et G sont en somme directe
et
- F+G=E
Remarque : ne pas confondre SOMME DIRECTE et SUPPLÉMENTAIRE
Si deux sev sont supplémentaires alors ils sont en somme directe mais la réciproque est fausse.
Exemple :
Dans l'espace vectoriel R3, on considère la droite F=vect((1,0,0)) et la droite G=vect((0,1,0)).
On a F∩G={(0,0,0)} donc F et G sont en somme directe.
Mais F+G= le plan horizontal (xOy)≠R3 donc F et G ne sont pas des sev supplémentaires dans R3.
d) Comment montrer que deux sev sont supplémentaires ?
1ère méthode :
On utilise la définition en 2 étapes à savoir
- 1ère étape) on montre que F et G sont en somme directe en utilisant le théorème sur l'intersection F∩G.
- 2ème étape) on montre que F+G=E. Pour cela, on montre seulement l'inclusion E⊂F+G (car F+G⊂E est toujours vraie).
2ème méthode :
On utilise la définition en une étape à savoir : ∀z∈E il existe un unique couple (x,y)∈F×G tel que z=x+y
Cela revient à résoudre un système linéaire d'inconnues x et y de second membre z et de montrer que ce système admet une unique solution.
Exemple :
Plaçons nous dans E=R3. On considère le plan vectoriel F={(x,y,z)∈R3∣x−y+z=0} et la droite vectorielle G=vect((1,2,3)).
Soit w=(x,y,z)∈R3.
On considère le système w=u+v d'inconnues u∈F et v∈G.
Précisons le système. On a u=(α,β,γ)∈F⟺α−β+γ=0 et v∈G⟺v=λ.(1,2,3).
On a donc (x,y,z)=(α,β,γ)+(λ,2λ,3λ) et α−β+γ=0.
Soit par identification des coordonnées :
{x=α+λy=β+2λz=γ+3λ0=α−β+γ
Attention : les inconnues sont α,β,γ et λ et non x, y et z !
Après calcul, on trouve :
{α=12(x+y−z)β=−x+2y−zγ=−12(3x−3y+z)λ=12(x−y+z)
Comme le système admet une unique solution, on peut en déduire que F et G sont des sev supplémentaires dans R3.
Les calculs précédents permettent en prime d'obtenir l'unique décomposition du vecteur (x,y,z) dans la F⊕G.
On a u=(12(x+y−z),−x+2y−z,−12(3x−3y+z))
u=12 (x+y−z,−2x+4y−2z,−3x+3y−z).
et
v=λ.(1,2,3)=12(x−y+z)(1,2,3).
Donc l'unique décomposition du vecteur u=(x,y,z) s'écrit (x,y,z)=12(x+y−z,−2x+4y−2z,−3x+3y−z)+12(x−y+z)(1,2,3).
On peut vérifier que la somme des deux vecteurs donne bien (x,y,z).
3ème méthode :
Même méthode que précédemment mais au lieu de résoudre le système, on procède par un raisonnement pas analyse-synthèse.
On veut montrer que E=F⊕G. Le raisonnement par Analyse-Synthèse se déroule en deux étapes :
- Une première étape appelée ANALYSE consiste à supposer qu'on a E=F+G c'est-à-dire que tout vecteur z∈E se décompose en z=x+y avec x∈F et y∈G.
De l'égalité z=x+y, on en déduit une expression de x et y en fonction de z. Ces expressions étant uniques, on en déduit que la décomposition est unique.
À ce stade, nous avons montré que :
Si la décomposition existe alors elle est unique.
- Une deuxième étape appelée SYNTHÈSE consiste à prouver que la décomposition de tout vecteur de E existe bien.
On prend un vecteur z quelconque de E. On définit x et y en prenant les expressions trouvées dans l'analyse.
On vérifie que :
- x+y est bien égal à z
- x appartient bien à F
- y appartient bien à G
À ce stade, nous avons montré que :
La décomposition de tout vecteur existe.
Finalement, l'analyse-synthèse permet d'affirmer que tout vecteur de E se décompose de manière unique dans la somme F+G.
Exemple :
Dans l'espace vectoriel E=F(R,R) des fonctions définies sur R, on définit : P l'ensemble des fonctions paires et I l'ensemble des fonctions impaires
On montre que P et I sont des sev de E.
Nous allons prouver par ANALYSE-SYNTHÈSE que F(R,R)=I⊕P.
- ANALYSE : Soit f∈E. Supposons qu'il existe g∈I et h∈P tel que f=g+h.
Alors pour tout réel x: f(x)=g(x)+h(x). Donc f(−x)=g(−x)+h(−x).
Sachant que g est paire et h est impaire, on obtient ainsi le système :
{f(x)=g(x)+h(x)f(−x)=−g(x)+h(x) d'inconnue g et h.
On obtient par addition et soustraction des lignes précédentes :
h(x)=12[f(x)+f(−x)] et g(x)=12[f(x)−f(−x)].
On a donc montré que SI la décomposition f=g+h existe ALORS nécessairement h doit être de la forme h(x)=12[f(x)+f(−x)] et g doit être de la forme g(x)=12[f(x)−f(−x)].
Cela prouve que SI la décomposition existe ALORS cette décomposition est unique
- SYNTHÈSE : soit f dans E.
On définit la fonction h par ∀x∈R,h(x)=12[f(x)+f(−x)] et la fonction g par ∀x∈R,g(x)=12[f(x)−f(−x)]
On vérifie que g+h=f. ∀x∈R, g(x)+h(x)=12[f(x)−f(−x)]+12[f(x)+f(−x)]=f(x).
On a donc bien g+h=f.
On vérifie que la fonction h est paire. ∀x∈R, h(−x)=12[f(−x)+f(x)]=h(x). Donc h∈P.
On vérifie que la fonction g est impaire.
∀x∈R, g(−x)=12[f(−x)−f(x)]=−g(x). Donc g∈I.
On a donc prouvé l' existence de la décomposition de f.
Par ailleurs, la décomposition s'écrit :
E=I⊕Pf=(x↦12[f(x)−f(−x)])+(x↦12[f(x)+f(−x)])
4ème méthode (uniquement en dimension finie) :
- On montre que F et G sont en somme directe.
- On montre que dim(F)+dim(G)=dim(E).
(En effet, on a dim(F+G)=dim(F⊕G)=dim(F)+dim(G) car la somme est directe. Donc dim(F+G)=dim(E) et comme F+G⊂E (inclusion toujours vraie), F+G=E).