Lorsque l'image préexiste à l'œuvre littéraire, la question est celle des possibilités de décrire cette image. Le problème est double :

  • C'est celui du rapport entre le médium linguistique et le médium visuel. Par exemple, Diderot annonce, dans ses Salons, devoir inventer un nouveau langage, capable de s'effacer et de changer son style en fonction des peintures décrites ;
  • C'est celui du rapport entre l'image synchronique et le langage diachronique : Lessing, dans son Laocoon, a montré les difficultés de toute poésie descriptive, qui est obligée d'étaler dans le temps la description d'un objet qui se donne à voir en un seul instant. Ainsi, lorsqu'Homère décrit le bouclier d'Achille, orné de relief, il livre moins une description de l'objet, description toujours inachevée, qu'un « récit » de son propre geste.

L'ekphrasis désigne à partir de là la description d'une œuvre d'art (tableau, sculpture) opérée par les mots. Elle était fréquente chez les rhéteurs de l'antiquité (Philostrate, Callistrate). Mais l'ekphrasis est rarement une description objective de l'œuvre. Elle met en avant :

  • la proximité de l'œuvre et du vivant ;
  • la tendance de l'œuvre vers la parole (les statues semblent parler) ;
  • les qualités affectives de l'œuvre sur le spectateur.

Toutefois, ces descriptions sont souvent modalisées (par des verbes comme « sembler »), ce qui met en valeur l'incapacité de l'œuvre à être véritablement vivante et parlante, et, au contraire, la capacité du langage à produire une image.

Diderot a développé ces techniques en un sens original :

  1. Vers une description poétique, une rêverie qui développe les thèmes de la peinture plutôt qu'elle ne les explicite (comme à propos des paysages de Vernet) ;
  2. Vers une description génétique, qui recrée, par le langage, la création même de l'œuvre.