Pour Platon, l’image doit être comprise dans son rapport à la forme (eidos).

L’image pour les géomètres comme appui sensible

Dans La République (livre VII), Platon souligne que la géométrie est une étape essentielle de la formation des futurs philosophes : l'étude des mathématiques entraîne l'intelligence à s'occuper d'objets imperceptibles pour les sens. Lorsqu'on réfléchit sur la définition du triangle, on ne porte pas son regard sur les particularités d'un triangle sensible, mais sur la notion de triangle elle-même.

Le raisonnement mathématique utilise les réalités sensibles (le triangle tracé sur une feuille, qui a une longueur déterminée) comme images de réalités intelligibles (le triangle en soi, qui correspond à la définition du triangle).

La structure-image de la réalité

Socrate propose une analogie pour expliquer le rapport des différents objets pensés et des facultés employées pour les penser. Il s'agit de diviser une ligne en deux sections d'inégales longueurs : 

  • la plus grande est composée des réalités sensibles ;
  • la plus petite est composée des réalités intelligibles.

Ces deux sections se divisent chacune en deux sections inégales :

  • la section sensible se divise entre une section de réalités corporelles en devenir et une autre de reflets, ombres ou imitations de ces réalités ;
  • la section intelligible se divise entre une section de réalités mathématiques, saisies par la dianoia (raisonnement discursif), et une section de réalités intelligibles, saisies par le noûs (intellection intuitive).

Entre chaque section, il existe un rapport de ressemblance, comme entre le modèle et la copie, qui permet de voir dans le sensible l’intelligible, tout en en saisissant la différence.

La critique des peintres : les simulacres

Dans le livre X de la République, Platon s’appuie sur cette thèse pour montrer que la peinture est une apparence : c’est une image de la réalité sensible, qui n’en reproduit qu’un point de vue (un fragment) : un simulacre (eidolon). Il peut tout reproduire et tromper les spectateurs, en jouant sur leur opinion, et non sur leur savoir. L’art produit une illusion en effaçant la différence entre l’image et le modèle.

Le peintre ne représente pas l’idée de la chose, mais l’objet fabriqué par l’artisan : le lit qui a lui-même été fait à l’imitation de l’idée, l’image d’une image, sans savoir faire l'objet réel. 

Les deux imitations et la condition de la bonne image

Pour Platon, la peinture n'est acceptable qu'en tant qu'elle traduit l'harmonie du beau et ne cherche pas à donner l'illusion de la chose réelle. La bonne conduite envers les images est :

  1. de connaître la réalité imitée ;
  2. de savoir si l’imitation est bien faite ;
  3. de savoir si l’imitation est bonne et utile.