Bien que les anthropologues aient manifesté de l'intérêt pour l'éducation avant les années 50, des changements importants se produisent au cours de la période récente, conduisant à la création d'une discipline intitulée « educational anthropology » (anthropo-pédagogie) en 1968.
Au cours des années 60, les anthropologues commencent à étudier l'éducation formelle et informelle dans le contexte de crise sociale et éducative que connaissent alors les pays occidentaux. Ce sont eux qui vont réfuter l'hypothèse alors dominante du déficit culturel qui constituait la base des politiques éducatives et sociales de l'époque, relatives aux minorités ethniques ou aux groupes sociaux défavorisés. Ils vont s'attacher à étudier les discontinuités existant entre le mode de socialisation familial et celui qui prévaut dans le système scolaire (Scrjpsky, 1975).
Les problèmes d'apprentissage et de transmission culturelle sont étudiés de façon comparative (Spindler, 1974). Kimball (1974) a précisé ce que l’anthropologie de l'éducation peut apporter tant au plan théorique que pratique à l'éducation. Elle permet de donner les instruments d'une réelle connaissance des autres cultures sans établir entre elles de normes ou de hiérarchies. Par ailleurs, l'anthropologie met à jour certains aspects du comportement, de l'interaction entre partenaires. Elle intègre, dans sa démarche, certaines avancées des sciences sociales : ethnométhodologie, proxémique en milieu scolaire, kinésique et, de manière générale, ce qui relève des communications non verbales.
De nouveaux enjeux dans l’éducation et la formation se manifestent à travers des obstacles inédits qui font hésiter les approches classiques en sciences de l’éducation n'ayant pas pu les aborder. Ces résistances réclament un angle d’attaque renouvelé : autant de défis pour l’approche anthropologique qui se développe en sciences de l’éducation en un nouveau paradigme.
Étudier ces enjeux (sociaux, institutionnels et épistémologiques), ces résistances (tabou du rite et du sacré, difficulté à penser ensemble la genèse cognitive et la genèse sociale, lenteur à penser l’émergence du sujet dans la relation) permet de comprendre quels défis relève l’approche anthropologique.