Les animaux communiquent entre eux, c’est entendu. Mais ne peut-il y avoir de communication au sein d’une espèce ou entre espèces sans langage à proprement parler ? La lumière du ver luisant indique au prédateur la toxicité de son porteur. Mais il s’agit là d’un indice émis involontairement et non de l’articulation intentionnelle d’un message.

Certes, la communication animale ne se réduit pas à l’émission involontaire de signaux. Les éthologues ont identifié, chez les oiseaux, des formes de protoconversations, semblables à celles qu’on peut entretenir avec un nouveau-né. Une situation d’interlocution est établie, mais les messages émis sont dépourvus d’objet. Les oiseaux chantent entre eux, mais ne parlent pas de quelque chose. Inversement, certains primates ont su intégrer des signes humains, mais ne les articulent pas pour former des énoncés syntaxiquement structurés, si bien qu’ils les utilisent plus comme des signaux pour obtenir ce qu’ils désirent ou exprimer ce qu’ils ressentent, que comme des signes linguistiques.

Si un langage se définit non seulement par la maîtrise d’un vocabulaire, mais aussi par la capacité d’articuler ces signes pour produire un nombre indéfini d’énoncés syntaxiquement structurés, on peut douter de l’existence d’un langage animal à proprement parler. Comme le dit Joëlle Proust dans Les animaux pensent-ils ? (2010) : « la communication animale se distingue de la communication humaine sur un point capital, par suite des particularités de son mode de fonctionnement et de son rôle cognitif : l’animal qui communique ne comprend pas de manière réflexive sa propre intention de communiquer ».