Les fonctions du langage

Les six fonctions du langage : Roman Jakobson (1896-1982)

Dans ses Essais de linguistiques générales parus en 1960, ce maître de la linguistique structurale présente son célèbre schéma de la communication. Dans un contexte précis, un émetteur transmet un message à un récepteur par le biais d'un canal (visuel, auditif...) en utilisant un code (pictural, linguistique...). Sont associées à ces six pôles six fonctions du langage : 

• la fonction expressive manifeste la présence de l'émetteur (interjections, jugements, modalisateurs...)
• la fonction conative cherche à impliquer le récepteur (interpellations)
• la fonction phatique maintient le contact entre émetteur et récepteur (« allô » au téléphone)
• la fonction référentielle renvoie au contenu informatif du message
• la fonction poétique porte sur l'esthétique du message
• la fonction métalinguistique concerne le code (la valeur du passé simple est…). 

Une phrase combine presque toujours plusieurs fonctions et c’est sur point que la critique a toujours porté.

Notre aptitude anatomique à parler remonterait à plus de deux millions d’années, comme l’apparition des premiers outils – d’ailleurs, la langue n’est-elle pas un outil ? La plupart des spécialistes s’accordent à penser qu’il y aurait eu deux phases : un langage primitif pour l’Homo erectus ; un langage complexe pour l’Homo sapiens. La question sur l’origine du langage, par contre, reste encore soumise aux hypothèses. 

Parler, au sens large, signifie communiquer ; le lien utile et social tissé par la  parole est indéniable. Parler, c’est aussi ordonner, exprimer sa pensée. Pour Descartes, notre capacité à parler est l’indice de notre capacité à penser ; ce qui nous distingue des animaux comme il l’exprime dans la Lettre au Marquis de Newcastle.

Descartes voit même dans la parole le seul moyen de s’extraire du Cogito puisque les autres hommes parlent aussi. Mais si la parole permet une communion des consciences, elle peut aussi être un instrument de domination, de renversement de l’ordre, de manipulation. Parce que la parole est vivante, parce qu’elle est ancrée dans le présent de son énonciation, parce qu’elle est renforcée par les gestes, les intonations, le charisme, son degré de persuasion est maximal.