Si « Les paroles s’envolent, mais [que] les écrits restent », doit-on comprendre que l’écrit pallie aux défaillances de la mémoire ? Si nos légendes ont d’abord été transmises à l’oral, même la Parole divine a eu besoin de textes pour se perpétuer. Mais cela rabaisse la fonction de l’écriture à celle de pense-bête. De surcroît, pour Socrate, les écrits se figent. Or, qui possède la Vérité ? Est-elle unique ?
Dans Phèdre de Platon, Socrate compare l’écriture à la peinture : « Les productions de ce dernier art semblent vivantes; mais interrogez-les, elles vous répondront par un grave silence. » Socrate soulève aussi le problème majeur de l’écrit en ces termes : « Une fois écrit, un discours roule de tous côtés, dans les mains de ceux qui le comprennent comme de ceux pour qui il n'est pas fait. »
Néanmoins, les pensées de Socrate nous sont parvenues, grâce aux écrits de Platon. Tout est dit, semble-t-il. Pourtant, avec le mythe des paroles gelées, Rabelais ouvre une autre voie : la réactualisation.